Le 21 juin 1967, Carlo Molinari (84 ans) entamait son idylle avec le FC Metz. Cela fait donc 50 ans jour pour jour! Une histoire d’amour qui ne s’est jamais fanée. Cela méritait bien une petite interview pour ressasser les souvenirs.
Lorsque vous vous retournez sur votre parcours au FC Metz, que voyez-vous?
Carlo Molinari : Les victoires en Coupe de France et de la Ligue, la victoire à Barcelone, etc. Mais ce que je retiens avant tout, c’est une aventure humaine extraordinaire! Avec une pensée émue pour toutes les personnes qui m’ont accompagné tout au long de ces longues et belles années. Grâce à elles et à toutes les rencontres que j’ai eu la chance de faire, j’ai élargi mon champ de connaissances. Par exemple, j’ai croisé différents présidents de la République : François Mitterrand et Jacques Chirac avec lequel j’ai souvent discuté de la Lorraine. Nicolas Sarkozy également, un vrai passionné de foot, et qui était le prolongement de mon amitié avec Philippe Séguin. Je pourrais aussi citer des dirigeants comme Jean Sadoul (président de la LFP, 1967-1991) qui m’a beaucoup appris, et Jacques Georges (ex-président de la FFF et de l’UEFA). Il y en a tellement… Franchement, un tel parcours n’est pas banal! J’ai aussi la fierté d’avoir contribué, à mon échelle, à la découverte d’une ville dont le FC Metz s’est révélé être un fabuleux ambassadeur.
Lorsque vous en prenez les rênes, ce 21 juin 1967, pensiez-vous y rester aussi longtemps?
Évidemment que non. La vie d’un club de foot est faite de périodes fastes et d’autres beaucoup plus difficiles. Y durer est délicat. Mais j’y suis parvenu, tant mieux. Je me souviens que lors de ma prise de fonctions, j’avais déclaré : « Si on est bons, on parviendra à stabiliser le club 10 ans en D1. » Au final, nous y sommes restés 35 ans! Cela nous a également permis de faire évoluer le stade Saint-Symphorien. Il n’a plus rien à voir avec celui de 1967, mais il va falloir, d’urgence, régler le problème de la tribune Sud qui est obsolète.
Reste cet intermède entre 1978 et 1983…
Jusqu’en 1981 en fait, puisque je reviens alors au club comme directeur sportif. Je ne veux pas m’attarder sur cet épisode qui, c’est vrai, m’a fait très mal. Ça m’a permis de découvrir d’autres aspects, négatifs, de l’être humain. Passons…
Vous avez connu de nombreux joueurs. Certains vous ont-ils marqué plus que d’autres?
C’est impossible de les citer tous ou d’établir un classement. Je citerais néanmoins Nico Braun, Nestor Combin que je suis allé chercher au Milan AC, Bernard Zénier, Robert Pirès, Farid Mondragon, Lionel Letizi, etc. Tous ont marqué l’histoire du club. Sans oublier ceux qui ont fait remonter le FC Metz en D1 en 1967 : ce sont les Zvunka, Heinrich et Scheid qui ont mis le train sur les rails.
Et les entraîneurs?
Deux en particulier : les historiques, si j’ose dire, Marcel Husson et Joël Muller. Sans oublier Pierre Flammion (1968-1970) qui, par son esprit visionnaire, notamment en ce qui concerne la formation, nous a fait gagner un temps précieux. Enfin, évidemment Albert Cartier qui nous a sortis du National.
Durant votre long mandat, le FC Metz a affronté de nombreuses équipes, mais le RC Lens n’a-t-il pas une place à part?
(Il rit) C’est certain! Lens nous a privés, en l’espace de deux saisons, du titre de champion (1998) pour cinq buts, puis de la Coupe de la Ligue (1999). C’est ma bête noire. Et pourtant, une amitié sincère me lie à Gervais Martel (le président lensois). D’ailleurs, en mai 2016, lors de la dernière journée de L2 à Lens, il m’a avoué qu’il était stressé à l’idée que son équipe marque un deuxième but (qui aurait privé Metz de la montée). Il a dit à Jocelyn Blanchard (ex-joueur messin et directeur sportif du RCL) : « Pourvu qu’on ne marque pas, sinon je ne pourrais plus parler à Carlo ». L’histoire s’est bien terminée et nous avons bu un coup ensemble après le match.
Jean-Sébastien Gallois (Le Républicain lorrain)