Avec « zéro bruit, zéro vague et zéro émission » de carbone, un prototype de Sea Bubbles, le « taxi volant » électrique inventé par le navigateur Alain Thébault, a « volé » vendredi matin sur la Seine en première mondiale, avec la maire de Paris Anne Hidalgo à son bord.
« Le vol a été parfait », s’est félicité Alain Thébault après une demi-heure d’essais au petit matin entre musée d’Orsay et tour Eiffel, avec multiples virages ou arrêts improvisés pour laisser passer des canards. « C’est silencieux, c’est confortable, c’est ludique », s’est enthousiasmée la maire PS de Paris, qui soutient le projet depuis ses débuts, en imaginant dans quelques années un service de bateaux-taxis qui pourrait ainsi opérer sur la Seine.
Le navigateur de 54 ans, dont le mentor fut Eric Tabarly, avait réservé à la capitale et à sa maire « visionnaire » la primeur d’un essai de son « prototype-ingénieur ». A l’arrêt, le petit bateau blanc, découvert, sans « bulle » protectrice et avec deux bancs latéraux moulés dans la coque, ne paye pas de mine. « Là, il est brut de fonderie », s’amuse Alain Thébault. C’est en naviguant que ses « foils », sorte d’arcs en fibre de verre, se déploient et la coque de l’embarcation, qui fonctionne sur batteries électriques, « vole » alors à quelque 50 cm au-dessus de l’eau. La « voiture qui vole sur l’eau », comme la surnomme l’équipe d’ingénieurs et d’architectes, reprend le principe de l’hydroptère inventé par le navigateur. « Ça fonctionne comme les ailes d’un avion dans l’air et à une certaine vitesse, le Bubble se soulève », explique le concepteur.
« Avalanche de demandes » du monde entier
Quatre passagers plus le pilote Anders Bringdal, associé d’Alain Thébault, ont ainsi navigué à une vitesse oscillant entre les 12 et 18 km/h, maximum autorisé sur la Seine pour l’essai, afin de tester le centre de gravité, la stabilité en vol, le décollage ou le passage des bateaux dans son sillage. Un Sea Bubble, c’est « zéro bruit, zéro vague et zéro émission » de carbone, indique l’inventeur dont l’objectif est de « faire voler tout le monde sans polluer ».
« C’est pareil dans les villes du monde entier », dit-il, « les quais sont congestionnés mais sur l’eau, il y a encore pas mal de place, avec des infrastructures existantes ». L’invention passionne. « Nous avons des demandes du monde entier », argue-t-il. « Detroit, Miami, Seattle, San Francisco aux États-Unis, Tokyo, 15 villes en Inde, Bangkok… C’est une avalanche de demandes ».
Les Parisiens ou curieux pourront tester du 20 au 30 septembre, également près du musée d’Orsay, quatre « bulles » de pré-série, gratuitement mais sur inscription. Ils auront pour cette fois à leur disposition un « dock », un quai, à induction magnétique, qui peut recharger l’engin à chaque débarquement de passagers, conçu par Jacques Rougerie, célèbre architecte océanographe.
Le transport sur l’eau, « c’est une évolution de la ville », assure Anne Hidalgo, et mettre en place un tel système, « ça peut aller très vite si on trouve des opérateurs. On peut l’imaginer dans les quatre ans. Mais je ne fixe pas de limite de temps ».
Le Quotidien/AFP