Les associations de défense des personnes handicapées sont vent debout contre la loi sur l’organisation de l’enseignement fondamental votée le 31 mai.
« Prôner l’inclusion, légiférer l’exclusion ! » Tel est l’intitulé de cette lettre ouverte adressée au ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse et à la ministre de la Famille et de l’Intégration signée par les ASBL Zesummen fir Inklusion (ZEFI), Trisomie 21 Lëtzebuerg et l’Association luxembourgeoise des parents d’élèves de l’éducation différenciée (ALPEED), représentant les parents d’enfants à besoins spécifiques au Luxembourg.
Ces associations regrettent en premier lieu d’avoir été mises de côté lors du processus d’élaboration de la loi : «Le projet de loi (…) a été voté sans attendre l’avis du Conseil supérieur des personnes handicapées. (…) Ni les associations qui défendent les droits des personnes handicapées, ni les associations de parents n’ont été informées au préalable sur le projet de loi», déplorent ces associations, qui déclarent que les parent «ont été exclus (…) du processus d’orientation de leurs enfants».
Alors que la nouvelle loi définit les futures directives des commissions d’inclusion (CI) qui orientent le parcours scolaire des enfants à besoins spécifiques, les trois associations fustigent le fait que les CI se composent de «cinq membres du ministère».
«Les plus faibles subiront»
«Les plus faibles, c’est-à-dire les enfants concernés, subiront les conséquences par rapport à ce bloc administratif rigide», jugent-elles. D’une manière générale, les auteurs de la lettre ouverte estiment que le gouvernement ne respecte pas le droit international et particulièrement la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées du 13 décembre 2006, ratifiée par le Luxembourg en juillet 2011 : «Le gouvernement n’a aucune volonté réelle d’instaurer un système unique inclusif tel que prévu dans la Convention de l’ONU», accusent-ils. «À se demander si ce gouvernement comprend vraiment le sens du mot INCLUSION ?»
«Un point très honteux»
Les signataires de la lettre ouverte évoquent même «un point très honteux de cette nouvelle loi» : «Le fait que les enfants handicapés sont partagés en deux groupes, les ‘particuliers’ et les ‘spécifiques’, les ‘bons’ et les ‘mauvais’ !»
Pour ces associations, le ministère de l’Éducation nationale «a oublié la formation des enseignants». Elles se demandent pourquoi l’Uni n’a pas été associée au projet. Elles réclament qu’une «accessibilité complète (entrée, salles de classe et de sport, WC, etc.) soit garantie pour tous les élèves».
Concernant les griefs adressés à Corinne Cahen, ils peuvent se résumer à cette question : «Nous nous demandons pourquoi dans ce dossier important son ministère a été aux abonnés absents?»
En guise de conclusion, ZEFI, Trisomie 21 et ALPEED tirent véritablement à boulets rouges sur le gouvernement : «Quelle sera l’orientation future de la politique au Luxembourg ? Avec le vote de la loi 7104, le gouvernement luxembourgeois a fait preuve d’une étrange perception de la démocratie ! Cette loi a été votée sans prévoir les conséquences pour les enfants à besoins spécifiques, elle est incomplète, pleine de lacunes et ne correspond pas à la convention de l’ONU !»
Le Quotidien