Un vent de jeunesse souffle sur l’Europe. Après l’élection d’Emmanuel Macron (39 ans), l’Irlande a fait encore mieux mercredi avec l’élection de Leo Varadkar (38 ans) à la tête du pays. Le leader du parti Fine Gael est ainsi devenu le plus jeune Taoiseach (Premier ministre) de la République. En plus de sa jeunesse il se trouve que Leo Varadkar est métis – son père étant indien – et il est ouvertement gay. Cela fait beaucoup pour cette petite île qui n’est pas habituée à tant de progressisme. Tout ceci a fait que l’on s’est peut-être réjoui un peu trop tôt de la promotion de Varadkar. On en aurait presque oublié de regarder d’un peu plus près ses opinions politiques. Et malheureusement c’est là que les choses se gâtent, car l’Irlande pourrait bien avoir affaire au pendant masculin de Margaret Thatcher. Gay et conservateur, Leo Varadkar l’a fait. Après tout, c’est plutôt rassurant que son orientation sexuelle ne détermine pas ses opinions politiques.
Concernant les débats de société brûlants, le nouveau Taoiseach va avoir fort à faire avec la société civile qui pousse pour avoir un référendum l’année prochaine afin de se débarrasser de l’article 8 de la Constitution irlandaise. Ce dernier met sur un pied d’égalité une femme et son fœtus. Cet article emprisonne le pays dans une législation qui est l’une des plus restrictives d’Europe. L’ONU a épinglé, pour la deuxième fois cette année, le pays pour le traitement inhumain qui est réservé aux femmes enceintes du pays. Notamment pour le cas d’une adolescente qui a été enfermée dans une unité psychiatrique contre son gré jusqu’au terme de sa grossesse et a subi une césarienne. La jeune femme avait exprimé des idées suicidaires pour espérer obtenir un avortement. Les autorités en ont décidé autrement.
Leo Varadkar a déclaré que ce genre d’affaire ne devrait pas être du ressort des politiques, mais des médecins. Les médecins doivent s’en tenir aux lois. C’est le serpent qui se mord la queue. La tenue d’un référendum sur l’article 8 devrait donner le ton de l’ère Varadkar. À voir si jeunesse s’accorde avec courage politique.
Audrey Somnard