Dans la grande famille des « résidents », il y a les « Luxembourgeois » et les « étrangers ».

Le dernier recensement du Statec montre que la famille ne cesse de s’agrandir, avec 562 958 membres au 1er janvier 2015, contre 512 353 quatre ans plus tôt. A priori, la famille est plutôt heureuse de s’agrandir, au moins d’un point de vue économique, ces nouveaux travailleurs-consommateurs alimentant la croissance et, in fine, contribuant à maintenir un niveau de vie élevé pour toute la famille.

Mais dans cette famille vivant sous le même toit, le nombre d’enfants « naturels » perd de plus en plus de terrain au profit des enfants « adoptés ». La part des Luxembourgeois est passée de 56,9% à 54,1% en quatre ans. À ce rythme, d’ici cinq, six ou sept ans, les enfants « adoptés » deviendront majoritaires. Et ce, quand bien même on les inciterait davantage à changer de nom, par l’acquisition de la double nationalité.

Alors forcément, certains enfants « naturels » s’inquiètent. Que va devenir la famille s’ils ne sont plus majoritaires ? Mais surtout, que va devenir la famille s’ils laissent les enfants « adoptés » (en l’occurrence depuis au moins 10 ans) décider avec eux de son avenir ?

Puisque les revenus de la famille semblent assurés, au moins à moyen terme, la question qui sera posée le 7 juin ressemble donc à celle-là : font-ils bien, oui ou non, partie de la famille ? A-t-on suffisamment confiance en eux pour leur laisser un double des clés de la maison ? L’investissement de leur temps, de leur argent, de leur travail, de leurs talents et de leur cœur dans la vie de famille, est-il un gage suffisant ? Peut-on encore décider à leur place, et avec leurs impôts, de ce qui est bon pour l’intérêt général, et donc aussi pour leur propre intérêt ?

N’est-il pas temps de reconnaître que sans eux la famille ne serait pas ce qu’elle est ? Mais surtout de croire, avec générosité, que l’avenir de la famille sera plus riche encore si tout le monde peut décider ? Que la famille des « citoyens », partout dans le monde, est bien plus forte aujourd’hui que toute autre.

Sylvain Amiotte (samiotte@lequotidien.lu)