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De bêtes plantes ?

Dites-vous bien une chose : les plantes vous voient. Elles savent même si vous portez une chemise bleue ou rouge, si vous avez repeint votre maison ou déplacé leur pot d’un bout à l’autre du salon», écrit Daniel Chamovitz… Dont on peut se demander, face à de tels propos, s’il n’a pas abusé de certaines plantes qui font rire!

Mais ce biologiste et généticien de renom est tout à fait sérieux lorsqu’il évoque les «yeux» des plantes. On sait désormais que les arbres ont des photorécepteurs qui captent la lumière et ses variations. Certains, comme le peuplier ou l’orme, «verraient» ainsi jusqu’à trois mètres et en couleur, les pigments de leurs feuilles absorbant le bleu et le rouge clair, et réfléchissant le vert et le rouge foncé. Une façon pour l’arbre de savoir si le printemps arrive et avec lui la nécessité de fleurir, ou au contraire l’automne avec la nécessité de préparer la montée en graine…

La proprioception – la capacité à se situer dans l’espace – n’est pas non plus réservée aux animaux. Un arbre perçoit la position de son tronc et de ses branches, ce qui permet par exemple à un pin installé sur une falaise abrupte de pousser toujours droit.

Quant aux odeurs, les végétaux ne savent pas seulement en émettre, mais aussi les sentir! S’il est attaqué par des chenilles, un peuplier va produire davantage de tanin, substance amère qui éloigne les parasites. Ce faisant, il émet des composés organiques volatils (COV) perçus par ses congénères qui produiront eux aussi des tanins à titre préventif.

Insensibles, les plantes, car dénuées de système nerveux? L’exemple du bien nommé Mimosa pudica, qui replie ses feuilles quand on les effleure, est connu. Celui de la «plante qui danse» (Desmodium gyrans) est plus insolite. Réceptive à la musique, cette légumineuse d’Asie agite ses feuilles dès que des ondes sonores lui parviennent. Et plus on répète la musique, mieux elle «danse»!

Encore mystérieux pour les scientifiques, ce phénomène rappelle que nous sommes bien mal avisés de considérer encore les plantes comme de «bêtes» végétaux…

Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)