Quinze policiers ont été tués dans une embuscade criminelle dans l’ouest du Mexique, une des attaques les plus meurtrières pour les forces de sécurité depuis le lancement de l’offensive contre les narcotrafiquants en 2006.
Un déploiement de forces de police sur une route de Jalisco au Mexique où au moins 15 policiers ont été tués dans une embuscade le 7 avril 2015. (Photo : AFP)
L’attaque a été perpétrée lundi sur une route montagneuse proche de la station balnéraire de Puerto Vallarta et menant à Guadalajara, deuxième ville du Mexique, par des hommes armés ayant ouvert le feu sur un convoi de véhicules de la police de l’Etat du Jalisco. Le responsable de la sécurité de cet Etat, Francisco Alejandro Solorio, a indiqué à la presse qu’on avait aussi dénombré cinq policiers blessés, actuellement dans « un état stable ».
Les autorités ont trouvé des preuves que cette agression avait été préparée avec soin depuis 24 à 48 heures dans une zone isolée, proche de la municipalité de San Sebastián del Oeste. Il n’a pour l’instant été rapporté aucune victime du côté des agresseurs. « Le passage des véhicules a été bloqué. Ils ont commencé par arroser les véhicules avec de l’essence avant d’y mettre le feu, et quand les collègues ont tenté de répondre à l’agression, ils ont été attaqués par un nombre élevé de personnes », a raconté M. Solorio.
Selon les autorités, il s’agirait d’une vengeance d’un groupe criminel après l’arrestation de suspects pour une agression manquée contre M. Solorio le 30 mars. « Ces attaques sont une réaction du crime organisé après une attaque contre moi », a dit M. Solorio. Il n’a pas précisé quel groupe était responsable de l’attaque, qui a donné lieu à quatre arrestations, mais une source officielle a indiqué à l’AFP qu’il pourrait s’agir du cartel local Jalisco Nouvelle Génération.
Selon Raul Benitez Manaut, expert en sécurité de l’Université nationale autonome du Mexique (Unam), ce cartel « possède des unités très bien préparées et coordonnées ». « Ils disposent probablement d’anciens militaires pour organiser les cellules de combattants criminels ».
> Plus de 80.000 morts depuis 2006
Cela fait plusieurs semaines que le groupe de narcotrafiquants affronte les forces de sécurité. La tentative d’assassinat de Solorio était elle-même une risposte à une opération de police le 23 mars dans la ville de Zacoalco de Torres, lors de laquelle trois suspects avaient été tués, parmi lesquels Heriberto Acevedo, alias « El Gringo », l’un des dirigeants du cartel. Quatre jours auparavant, le 19 mars, une autre embuscade d’hommes armés contre un convoi de police près d’Ocotlan avait fait 11 morts, cinq membres de la gendarmerie, trois agresseurs supposés et trois personnes étrangères à l’affrontement.
Le cartel de Jalisco est apparu en 2010 après la mort d’Ignacio Coronel Villareal, alias « Nacho Coronel », qui était alors le chef dans l’Etat du Jalisco du cartel de Sinaloa, le plus puissant du Mexique. Les criminels se sont déjà attaqués à plusieurs reprises aux autorités dans l’Etat de Jalisco l’an dernier. En septembre, un député fédéral avait été enlevé alors qu’il se rendait en voiture à l’aéroport de Guadalajara. Son corps calciné avait été retrouvé quelques heures plus tard dans un Etat voisin.
En mai, un groupe de 30 hommes armés de grenades avait organisé une embuscade contre un camion militaire près de la ville de Guachinango, faisant quatre morts parmi les soldats. Le Jalisco, un Etat de plus de sept millions d’habitants doté de côtes sur le Pacifique, a été inclus l’an dernier par le gouvernement dans la liste des Etats prioritaires pour sa stratégie de sécurité avec le Michoacan (ouest), le Guerrero (sud) et le Tamaulipas (nord-est). Plus de 80.000 personnes ont été tuées et 20.000 sont portées disparues depuis le lancement d’une guerre contre les trafiquants de drogue en 2006 par l’ex-président Felipe Calderon.
Son successeur Peña Nieto assure que la criminalité s’est réduite depuis le début de son mandat en décembre 2012. Toutefois le Mexique continue d’être le théâtre d’affrontements donnant lieu à de nombreuses victimes. La dernière affaire la plus spectaculaire a été la disparition en septembre de 43 étudiants de l’école normale d’Ayotzinapa qui, selon les autorités judiciaires, ont été tués puis brûlés par des narcotrafiquants bénéficiant de la complicité de la police locale dans l’Etat du Guerrero.
AFP