Nous l’avons constaté lors du dernier conseil communal eschois : aucune norme n’impose des défibrillateurs dans les bâtiments publics! Et pourtant…
Le Dr Philippe Rémy, du ministère de la Santé, explique en quoi les défibrillateurs automatiques (DEA) modernes peuvent sauver des vies.
La seule réglementation date de 2008. Et encore, quelques lignes seulement : un décret grand-ducal qui se contente de décrire les conditions d’utilisation d’un genre précis de défibrillateur, les semi-automatiques. Autant dire qu’il n’existe rien. Du coup, de nombreux espaces publics restent dépourvus de défibrillateur au Luxembourg. On est dans le cas par cas, en misant sur la bonne volonté des collectivités. Esch-sur-Alzette, deuxième commune du pays avec 34 000 habitants, se décide seulement à passer à l’action maintenant !
Le rôle de ces machines est pourtant primordial. «En cas d’incident cardiaque, le défibrillateur est le premier maillon de la chaîne de survie, explique le Dr Philippe Rémy, du ministère de la Santé. Si on rate cette étape, tout s’arrête.» Les autres étapes étant les suivantes : balisage de la scène pour éviter le sur-accident, arrivée du SAMU pour prendre le relais de la machine et enfin, évacuation vers un centre hospitalier. «La première étape se joue dans un espace très court, insiste le Dr Rémy. Trois minutes pour agir, maximum.»
Des modèles qui «pilotent tout»
L’installation des défibrillateurs est d’autant plus recommandée que «les progrès techniques ont été considérables. Il y a 25 ans, le défibrillateur était coûteux et réservé aux professionnels. Aujourd’hui, les modèles automatiques pilotent tout. Les consignes d’installation des patchs se résument en trois images et n’importe qui peut sauver une vie.» Reste l’exception des défibrillateurs semi-automatiques, qui font l’objet d’une réglementation obligatoire au niveau de la formation (une heure).
Au final, pourquoi ne pas exiger l’installation généralisée des défibrillateurs dans les lieux publics? Question financière? «Non, estime le Dr Rémy. Un défibrillateur automatique coûte moins de 1 000 euros.» Un manque de volonté politique? Silence du docteur. «Pour une ville comme Esch-sur-Alzette en tout cas, le manque de défibrillateurs ne me choque pas. Évidemment, c’est toujours mieux d’en installer. Mais dans les grosses communes qui ont un hôpital et des sapeurs-pompiers sur place, les interventions se font très rapidement.»
La question est plus importante «si vous êtes dans une zone périurbaine, voire à la campagne». Les arrêts cardiaques frappent partout, «potentiellement n’importe qui. Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas que les sportifs dans l’effort ou les personnes âgées qui peuvent s’effondrer d’un coup. Si la cause est un dérèglement du rythme cardiaque, n’importe quel individu peut être touché.»
Hubert Gamelon
Esch-sur-Alzette passe (enfin) à l’action
Il aura fallu une motion spéciale pour faire bouger les lignes. Lors du dernier conseil eschois, le CSV a voulu clarifier la situation sur l’absence de défibrillateur à Esch-sur-Alzette. «La commune est propriétaire de nombreux bâtiments non équipés, explique André Zwally, chef de file de l’opposition eschoise. Or, pour des raisons de santé publique, il nous a semblé important d’accélérer sur ce dossier.» Théâtre, salle de sport, école… visiblement, aucun de ces lieux n’est équipé.
Seuls les stades du Fola et de la Jeunesse, réglementation professionnelle oblige, posséderaient des appareils. «Notre motion a été adoptée par le conseil, salut André Zwally. En réalité, la majorité aussi était d’accord pour équiper les bâtiments communaux. Notre divergence portait sur le temps d’action : nous étions en faveur d’un équipement immédiat, au cas par cas, dans les lieux stratégiques. La majorité préférait demander un audit pour savoir comment quadriller la commune avec efficacité.» La première méthode l’a emporté. D’ici trois mois, la fin de l’été donc, de nombreux bâtiments publics seront enfin équipés.
En France, cela a été rendu obligatoire (preuve : https://www.le-defibrillateur.com/content/24-defibrillateur-obligation) ! Comment se fait-ce que le Luxembourg n’ait pas encore emboîté le pas ?