Le mariage homosexuel, que Taïwan pourra être le premier territoire en Asie à autoriser après une décision mercredi de la Cour constitutionnelle, est légalisé dans une vingtaine de pays dans le monde. Mais entre l’Europe pionnière en la matière, les Amériques qui lui ont emboîté le pas et des pays d’Afrique ou du Moyen-Orient où l’homosexualité est punie de mort, le fossé est béant.
Vivre son homosexualité n’a pas la même signification dans nos contrées progressistes que dans des pays comme la Tchétchénie où les autorités se livrent à une véritable « purge ». Tour du monde du rapport des sociétés à l’homosexualité en 2017, entre celles qui ont ouvert le mariage et l’adoption aux LGBT et celles qui se refusent toujours à respecter les droits de l’Homme.
Pays d’Europe, les pionniers. Les Pays-Bas sont, en avril 2001, le premier pays au monde à légaliser le mariage homosexuel. Depuis, douze pays européens leur ont emboîté le pas : Belgique, Espagne, Norvège, Suède, Portugal, Islande, Danemark, France, Grande-Bretagne (hormis l’Irlande du Nord), Luxembourg, Irlande (à la suite d’un référendum) et Finlande. Des États comme l’Allemagne (dès 2001), la Hongrie, la République tchèque, l’Autriche, la Croatie ou la Grèce, reconnaissent l’union civile. L’Italie, dernier grand pays d’Europe occidentale qui n’accordait aucun statut aux couples de même sexe, a institué une telle union en juillet 2016.
Quant à la plupart des pays d’Europe de l’Est (Lituanie, Lettonie, Pologne, Slovaquie, Roumanie ou Bulgarie), ils n’autorisent ni les unions ni les mariages. Le cas le plus emblématique actuellement est celui de la Tchétchénie, accusée de mener des persécutions voire un génocide envers les homosexuels. Dans cette République où « l’homosexualité n’existe pas », selon les termes de son gouvernement, les familles sont incitées à dénoncer et même à tuer leurs proches gays. Ces dernières semaines, les révélations d’un journal russe indépendant au sujet d’ homosexuels enfermés, violés et torturés dans des prisons secrètes, forcent la communauté internationale à réagir.
L’Estonie est devenue en octobre 2014 la première république ex-soviétique à offrir l’union civile aux couples homosexuels. Les Slovènes ont rejeté en 2015 par référendum une loi autorisant le mariage gay. Plusieurs pays d’Europe de l’ouest autorisent également l’adoption conjointe par les couples de même sexe que ce soit dans le cadre du mariage ou de l’union civile : Pays-Bas (dès 2001), Danemark, Suède, Espagne, Belgique, France, Royaume-Uni. D’autres, comme la Finlande, l’Allemagne et la Slovénie autorisent les homosexuels à adopter uniquement les enfants de leur conjoint.
La procréation médicalement assistée (PMA) est autorisée pour les couples de lesbiennes dans dix pays d’Europe : Belgique, Pays-Bas, Royaume-Uni, Espagne, Autriche et pays nordiques. En France, elle a été l’un des sujets de crispation lors du débat sur le mariage pour tous. La grande majorité des pays européens interdisent la gestation pour autrui (GPA). Le recours aux mères porteuses est autorisé tant qu’elles ne sont pas rémunérées en Belgique, aux Pays-Bas ou encore au Royaume-Uni. A l’inverse, la Grèce a autorisé en 2014 la GPA avec dédommagement.
En progression dans les Amériques. Le Canada a légalisé le mariage homosexuel dès juin 2005, après des décisions de justice dans ce sens dans la plupart de ses provinces. Adoption, PMA et GPA sont également autorisées.
Aux États-Unis, il faut attendre juin 2015 pour que la Cour suprême légalise le mariage gay dans tout le pays alors que 14 États sur 50 l’interdisaient encore.
En Amérique latine, quatre pays permettent de telles unions : l’Argentine depuis juillet 2010, l’Uruguay et le Brésil, et enfin la Colombie en 2016. La ville de Mexico a été, dès 2007, la première en Amérique latine à autoriser les unions civiles entre personnes du même sexe, avant de légaliser le mariage en 2009.
L’Afrique du Sud précurseur. Sur un continent où une trentaine de pays interdisent l’homosexualité, l’Afrique du Sud fait figure de précurseur : le mariage gay est légalisé depuis 2006. L’adoption, la PMA et la GPA sont autorisées.
Les relations entre personnes de même sexe sont passibles de la peine de mort au Soudan, en Somalie et en Mauritanie. Seuls quelques pays (Gabon, Côte d’Ivoire, Mali, Tchad, Mozambique ou RDC) les ont dépénalisées.
Législation hostile au Moyen-Orient et en Asie. Au Moyen-Orient, Israël est considéré comme un pays pionnier pour le respect des droits des homosexuels, notamment en terme d’adoption. Le mariage gay n’y est pas autorisé, mais il est reconnu quand il a été contracté à l’étranger. Le Liban est également plus tolérant en comparaison à d’autres pays arabes, où les homosexuels peuvent en théorie encourir la peine capitale, comme en Arabie Saoudite ou aux Émirats arabes unis.
En Asie, après Taïwan et sa décision de justice historique rendue mercredi, le tabou entourant l’homosexualité s’effrite lentement au Vietnam et au Népal. En Indonésie ou Bangladesh, la police procède régulièrement à des arrestations de personnes « suspectées d’homosexualité ». Elles sont en général emprisonnées et punies par des châtiments corporels.
Le Quotidien/AFP