Il n’y aura pas d’urnes en prison pour les législatives : l’association Robin des Lois a regretté lundi une « décision politique consternante » et a appelé le nouveau gouvernement à favoriser le vote des détenus, un rituel à « vertu civique ».
« Consternant. Un manque de volonté politique criant » pour François Korber, délégué général de l’association. « Il y a une réelle vertu civique de l’acte de voter, c’est un premier pas vers la communauté des citoyens, un rituel symbolique fort ». Ce droit concerne 50 000 des 70 000 détenus écroués en France, « qui ont conservé leurs droits civiques mais sont concrètement privés de leur droit de vote », selon l’association. Dans les faits, seuls 3% des détenus votent : soit parce qu’ils ne sont pas inscrits sur les listes électorales soit parce qu’ils ne sont pas détenus dans leur commune de résidence ou que les démarches pour une procuration sont complexes.
Dans un courrier récemment reçu par l’association, le garde des Sceaux sortant, Jean-Jacques Urvoas, a expliqué qu’il n’était pas possible d’organiser ce vote en prison, ni même de conduire une expérimentation pilote dans un ou plusieurs établissements pénitentiaires dans les délais imposés par la loi. Le ministre de la Justice, qui s’affirme « attaché à la promotion de la participation » des détenus aux processus électoraux, se dit « favorable à une modification de la loi pénitentiaire de 2009 pour autoriser les personnes détenues à voter par correspondance sous pli fermé », sur le modèle de l’élection des députés représentant les Français de l’étranger.
Pour Robin des Lois, qui avait lancé en novembre une campagne pour « des urnes en prison », il aurait suffi que le ministre prenne un décret autorisant les préfets à organiser ce vote en détention, créant ainsi un » événement civique en prison à peu de frais ». Selon l’association, « mieux que tous les discours creux sur les valeurs de la République et la lutte contre la radicalisation, cette réforme sera fortement réinsérante » et par là, un outil de « lutte contre la récidive ».
L’association Robin des Lois, qui a saisi le défenseur des droits et initié des poursuites administratives contre certains préfectures, a d’ores et déjà demandé à être reçue par les nouveaux ministres de la Justice et de l’Intérieur.
Le Quotidien/AFP