La mère de famille était professeur au lycée Vauban à Luxembourg. Les faits, particulièrement atroces, avaient particulièrement traumatisé le village lorrain et la communauté scolaire de l’établissement au Grand-Duché.
Un quadragénaire a été condamné vendredi à Nancy à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie de 22 ans de sûreté, pour les meurtres de sa femme et de leur bébé en 2011, qu’il avait expliqués en disant avoir obéi à « Belzébuth ». Il a été également été condamné pour avoir, durant la même nuit, violé et agressé sexuellement sa fille aînée, âgée de 6 ans à l’époque, qui a survécu au drame.
Le verdict, qui comprend également un suivi socio judiciaire avec injonction de soins sans limite de temps, assorti d’une peine de sept ans supplémentaires en cas de non-respect, est conforme aux réquisitions de l’avocat général. L’ancien agent de sécurité de 41 ans, sans emploi, alcoolique et ayant des antécédents dépressifs, avait expliqué aux enquêteurs avoir obéi à une « voix intérieure » venant de « celui d’en bas, Belzébuth, le veneur, le malin, le cornu ».
Durant son procès, qui s’était ouvert lundi devant la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle, il a maintenu qu’il n’était pas lui-même au moment des faits. « J’ai vraiment senti cette présence, je n’ai rien inventé, je n’ai pas cherché à me dédouaner », a-t-il répété vendredi, avant que les jurés ne se retirent pour délibérer.
La maladie mentale exclue
La tête basse durant l’essentiel des débats, l’accusé au crâne rasé a tenté vendredi de regarder les parties civiles en face pour leur exprimer ses « profonds regrets ». « Oui, je suis un monstre », a-t-il déclaré d’une voix sanglotante. « J’ai tellement honte de ce que j’ai fait, je suis coupable », a-t-il ajouté.
Mais le père de son épouse tuée ne l’a pas laissé finir : « Tu n’as même pas eu le courage de te suicider ! », lui a-t-il lancé, avant de fondre en larmes. L’avocat général Philippe-Cédric Laumosne avait estimé que l’accusé n’était pas la victime d’une quelconque « entité maléfique », mais « avant tout un vulgaire criminel », « pervers et sadique », qui cherchait à « minimiser » sa responsabilité.
Le 5 juin 2011, les gendarmes découvraient au domicile familial à Tucquegnieux (en Meurthe-et-Moselle) le cadavre dévêtu de son épouse, gisant dans le salon, avec des blessures au visage et au crâne, le corps lardé de coups de couteau. A l’étage, le bébé du couple, âgé de 15 mois, était mort dans son lit, également poignardé.
Durant les heures d’agonie de sa femme comme après son décès, l’accusé l’avait également violée et sodomisée. Il avait photographié son corps dans des positions érotiques, puis uriné sur son cadavre. Le mari avait été retrouvé dans un état semi-comateux dans la cuisine, après avoir bu une grande quantité d’alcool dans la nuit. Les experts psychiatres avaient formellement exclu toute maladie mentale susceptible d’altérer son discernement.
Conscient qu’il risquait de « basculer », le père de famille avait tenté de « tirer la sonnette d’alarme » en consultant son médecin six mois avant le drame, avait fait valoir son avocat, M e Frédéric Berna. Mais on lui aurait alors prescrit des médicaments « inadaptés » qui, mélangés à l’alcool, peuvent générer de « l’agressivité » et des « hallucinations visuelles et auditives », avait-il plaidé. Ceci n’a fait qu' »allumer la mèche » chez cet homme « chargé de poudre et prêt à exploser », selon lui. Par conséquent, s’il méritait d’être « sévèrement sanctionné », l’accusé ne pouvait être « placé sur le même pied que les pires criminels qui, eux, n’ont jamais eu la volonté d’éviter les crimes qu’ils ont commis », avait encore estimé son défenseur.