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Victime d’un AVC à 24 ans, un Messin raconte comment sa vie a basculé


Victime d'un AVC à l'âge de 24ans, Louis Gustin, désormais handicapé même s'il peine à l'admettre, veut jouer un rôle dans la défense des personnes diminuées et confrontées au chômage. (Photo Gilles Wirtz/RL)

Il est jeune, trop, pour avoir fait un AVC à 24 ans et pourtant… Deux ans plus tard, le Messin Louis Gustin n’a pas récupéré la totalité de ses facultés.

C’est ce qu’on a coutume d’appeler une grosse tête. Un bac ++ et des masters en droit et de politique européenne à la pelle. Des expériences de vieux routard ici et là sur l’immense continent européen alors qu’il n’a que 26 ans. Et devant lui, un boulevard des possibles. Le tableau est plaisant même si Louis Gustin préfère, depuis deux ans, en réduire les effets. «Je ne bouge toujours pas une partie de mon bras et ma main droite. La concentration est difficile. Vous savez, en 2014, j’ai rédigé mon mémoire en anglais. Aujourd’hui, c’est comme si je devais réapprendre cette langue.»

En 2014, tout a basculé pour le jeune Messin. En plein après-midi, sur une terrasse de Varsovie. «J’étais avec des amis, je buvais un café, et tout s’est arrêté. J’ai eu l’impression de voir tout en vert depuis mon œil droit. Je ne pouvais subitement plus prononcer un mot ni faire un seul geste. Quand les secours sont arrivés, je n’ai même pas pu saluer les ambulanciers en polonais, que je parlais également !» Le diagnostic des médecins varsoviens est sans appel : AVC ischémique. «Il y a eu un dysfonctionnement au niveau de ma carotide et les conséquences ont été une paralysie totale de tout le côté droit, depuis le cerveau jusqu’au bout de mon pied. Personne, alors, ne savait me dire comment j’allais me relever de tout ça. Ça a été très difficile.»

«Je suis une personne handicapée»

Louis Gustin a vécu, depuis, comme un rétropédalage express, une sorte de régression. Des mois d’hôpital, de rééducation, des journées à jongler avec les séances d’orthophonie, de kiné, d’ergothérapie, de sport et de piscine mais surtout, un retour chez ses parents. «J’ai mis une quinzaine de jours à pouvoir à nouveau m’exprimer normalement. Mais pour le physique, c’est moins facile. Aujourd’hui, même si j’ai du mal à le dire, je suis une personne handicapée. Une personne handicapée sans travail qui vit du RSA ! Je voulais travailler à Paris ou à l’étranger, voyager. Désormais, je ne fais plus rien.» Malgré les diplômes, les stages formateurs, les contrats au sein d’instances qui comptent.

Un passage au Parlement européen à Bruxelles comme attaché parlementaire, en avril dernier, a toutefois permis au jeune convalescent, de monter quelques dossiers depuis qu’un sujet le tarabuste avec insistance : la condition des handicapés au sein des entreprises et à l’échelle européenne. «J’ai fait des interviews, rencontré des gens très intéressants au sein d’un intergroupe pour le handicap qui travaille sur les règlements et directives. Il me faut jouer un rôle sur ces thématiques, de quelque manière que ce soit. J’accepterai tout ce qui vient, que ce soit dans le public ou le privé. Je suis déjà bénévole au sein de Handicap international, il faut que je fasse plus, je veux être utile. Même dans ma condition, je veux faire avancer les choses. J’ai des amis biélorusses, égyptiens et autres qui m’ont épaulé pendant ces épreuves, et ils sont restés interloqués par la prise en charge médicale dont j’ai pu profiter en France. Il faut le savoir, le redire : il n’y a pas l’équivalent dans des pays voisins, tout près. Il faut faire bouger les choses.»

Saada Sebaoui (Le Républicain Lorrain)

Contact : louis.gustin@gmail.com