Le nouveau chef de l’État français, Emmanuel Macron, présidait jeudi son premier conseil des ministres, au lendemain de la composition du gouvernement reflétant la recomposition promise pendant sa campagne.
Pilotée par un Premier ministre venu de la droite modérée, Édouard Philippe, la nouvelle équipe intègre des personnalités de gauche, de droite, du centre et de la société civile et respecte la parité hommes-femmes. Elle suivra « la ligne sur laquelle le président » a été élu, a affirmé jeudi le ministre de la Cohésion des territoires, Richard Ferrand, un proche de la première heure d’Emmanuel Macron, interrogé sur d’éventuelles divergences entre le sommet de l’État et le gouvernement.
Les sujets de friction pourraient porter sur les questions économiques entre le président de la République et deux ministres venus de la droite qui détiennent les portefeuilles de l’Économie et des Comptes publics, respectivement Bruno Le Maire et Gérald Darmanin. Des tiraillements pourraient aussi surgir entre ces ministres de droite qui tiennent les cordons de la bourse et les ministères plus sociaux ou écologique.
Ce premier Conseil des ministres est l’occasion de tracer la ligne : Emmanuel Macron « fixera à cette occasion les grandes orientations de son quinquennat et la feuille de route du gouvernement », mais aussi « la méthode de l’action gouvernementale qui doit reposer sur deux piliers : la collégialité, et l’action collective », explique-t-on à l’Élysée. Autour de la table du Conseil, outre Emmanuel Macron et Édouard Philippe, ont pris place 18 ministres et quatre secrétaires d’État. La parité y est respectée, avec onze femmes et onze hommes et autant de ministres de plein exercice de l’un comme de l’autre sexe, même si la présence du président et du Premier ministre fera pencher la balance du côté masculin. La moitié proviennent de la société civile, du jamais vu sous la Ve République, dont une médaillée olympique d’escrime Laura Flessel, aux Sports, un populaire animateur de télévision écologiste, Nicolas Hulot, à la Transition écologique ou une éditrice, Françoise Nyssen, à la Culture.
« Bâti pour durer »
Outre ces personnalités, le gouvernement comporte aussi quatre socialistes, deux radicaux de gauche, trois centristes, et deux venus des Républicains (LR). Ces derniers, Bruno Le Maire, un cacique de la droite, et Gérald Darmanin, une de ses étoiles montantes, ont de facto quitté leur parti en entrant au gouvernement, selon LR. « Ce n’est pas une prise de guerre, c’est plutôt des prises d’otages. Ils sont très isolés », a relativisé jeudi le chef de file LR pour les législatives François Baroin.
Un peu plus de six Français sur dix (61%) se disent satisfaits de sa composition, selon un sondage Elabe pour la télévision BFMTV publié jeudi. 65% des personnes interrogées estiment qu’il incarne un « renouvellement », contre 33% d’un avis contraire.
Il est « évidemment bâti pour durer » au-delà des législatives, a assuré Édouard M. Philippe jeudi sur France Inter. Le chef du gouvernement a expliqué qu’il s’impliquerait « bien sûr » dans la décisive bataille des élections législatives pour « donner au président de la République la majorité dont il a besoin ».
Dans l’immédiat, Emmanuel Macron se rendra vendredi sur la base de Gao au Mali, sa première visite pour saluer les troupes françaises, pour un aller-retour dans la journée.
Le Quotidien/AFP