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La Commission européenne relance la procédure pour autoriser le glyphosate à long terme


Un mouvement citoyen s'est constitué pour interdire la substance, réformer la procédure d'approbation des pesticides et instaurer des objectifs obligatoires de réduction dans l'utilisation des pesticides au sein de l'UE. (illustration AP)

La Commission européenne a décidé mardi de relancer la procédure visant à autoriser à long terme le glyphosate, substance herbicide très répandue dont la licence d’utilisation dans l’UE est contestée.

Les commissaires européens ont donné leur accord pour « redémarrer les discussions avec les États membres sur un possible renouvellement de l’autorisation du glyphosate pour 10 ans », a indiqué une porte-parole de l’exécutif européen. L’utilisation du glyphosate est devenue de plus en plus controversée dans l’UE, après une campagne active des défenseurs de l’environnement. La Commission européenne n’avait pas réussi à convaincre les États membres de renouveler la licence de l’herbicide, qui arrivait à expiration à l’été 2016. Bruxelles avait alors décidé de la prolonger de 18 mois, dans l’attente d’un rapport de l’ECHA, l’agence européenne des produits chimiques. A la mi-mars, l’agence a écarté le risque cancérogène.

« La Commission a pris en compte les dernières études scientifiques, en particulier la conclusion du Comité d’évaluation des risques de l’ECHA confirmant que la substance active ne devrait pas être classée comme cancérogène », explique l’institution dans un court communiqué. Chaque État membre garde le droit d’autoriser ou non l’utilisation de pesticides à base de glyphosate sur leur territoire, rappelle-t-elle par ailleurs. La décision portant sur la licence du glyphosate se prend au sein d’un comité technique regroupant des représentants des États membres.

« Peu de respect pour l’initiative citoyenne »

Lors du dernier vote en date, fin juin 2016, deux pays, la France et Malte, avaient voté contre un renouvellement de l’autorisation, et sept s’étaient abstenus (Allemagne, Italie, Portugal, Autriche, Luxembourg, Grèce, Bulgarie), bloquant la décision. Après l’opinion de l’ECHA, l’Association européenne des fabricants de pesticides (ECPA, qui compte parmi ses adhérents Monsanto, Bayer, Dow, BASF, Syngenta…) avait dit s’attendre à ce que la Commission s’engage rapidement dans une nouvelle procédure de demande d’agrément pour 15 ans, soit une durée plus longue que celle effectivement envisagée par Bruxelles.

Pour le député européen Verts Harald Ebner, « une nouvelle autorisation pour 10 ans sans restriction montre le peu de respect pour l’initiative citoyenne » qui a été lancée contre le glyphosate. Ce mouvement citoyen qui souhaite interdire la substance, réformer la procédure d’approbation des pesticides et instaurer des objectifs obligatoires de réduction dans l’utilisation des pesticides au sein de l’UE, a réuni près de 750 000 signatures en quatre mois, selon l’ONG Greenpeace. Les enjeux économiques sont importants : le glyphosate est l’ingrédient clé des herbicides les plus utilisés par les agriculteurs européens, notamment le Roundup de l’américain Monsanto, le plus vendu.

Le Quotidien/AFP