Il refuse de faire « le combat de trop » : à 81 ans, Alain Delon, star internationale depuis six décennies, parmi les acteurs mythiques du 7e art, annonce son intention de mettre un terme à sa carrière avec un dernier film et une dernière pièce.
« J’ai l’âge que j’ai. J’ai fait la carrière que j’ai faite. Je vais boucler la boucle (…). Ce n’est pas tout de suite une fin de vie, mais une fin de carrière », a-t-il confié mardi.
Admiré pour son jeu instinctif et son charisme rare, Alain Delon a tourné plus de 80 films, dirigé par les plus grands cinéastes (Melville, Visconti, Losey, Antonioni…). Ses interprétations dans « Rocco et ses frères », « Le Samouraï » ou « Le Guépard » ont marqué des générations de cinéphiles.
Delon trentenaire, le corps bronzé et ruisselant sortant de « La Piscine », en 1969, est encore aujourd’hui l’égérie d’un grand parfum, mais on ne l’avait pas revu au cinéma depuis « Astérix aux Jeux Olympiques » (2008) dans le rôle de Jules César, en totale autodérision. Depuis, il se consacrait au théâtre.
En 2000, il avait déjà annoncé son intention de ne plus tourner pour le 7e art, se consacrant à des téléfilms et séries TV. « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis… », avait-il toutefois déclaré quelques temps après, admettant qu’il pourrait revenir sur sa décision « s’il y a le réalisateur et le sujet, par exemple Besson, Spielberg, Polanski, John Woo, Almodovar ou Blier ».
L’acteur a bel et bien décidé, aujourd’hui, de mettre fin à sa carrière. Vendredi , à l’occasion d’une cérémonie en son honneur au Festival International du Film policier de Liège, il a annoncé se préparer à faire son « dernier film ».
« En organisant des compétitions de boxe, j’ai vu des hommes qui regrettaient d’avoir fait un combat de trop. Il n’y aura pas le combat de trop ! », a-t-il confirmé mardi.
En octobre et novembre, il retrouvera les plateaux de cinéma à l’invitation de Patrice Leconte, grand admirateur de l’acteur, et auteur en 2016 d’une « Encyclopédie Delon ».
« Il y a longtemps que nous avons envie de tourner ensemble. Le scénario est quasiment terminé. Ce sera une très belle histoire d’amour », raconte Delon.
« Le titre n’est pas encore trouvé mais mon personnage sera un peu moi dans la vie : un homme de mon âge, capricieux et coléreux mais qui va découvrir l’amour avant de partir. C’est un film de fin de carrière », précise l’acteur, qui partagera l’affiche pour la première fois avec Juliette Binoche, « une merveilleuse actrice ».
« Le film sortira en 2018. Tout est possible, même le Festival de Cannes ! Pour mon dernier film, j’aimerais y revenir et dire au revoir… », a-t-il ajouté. Un festival avec lequel il a connu des hauts et des bas mais qui lui a rendu hommage en 2013.
« Après ce dernier film, je finirai ma carrière avec une magnifique pièce de théâtre écrite pour moi, +Le Crépuscule d’un fauve+ de Jeanne Fontaine », annonce aussi Alain Delon qui incarnera un commissaire de police blessé, contraint d’arrêter son métier.
En 2007, au théâtre, Alain Delon avait retrouvé Mireille Darc, son ancienne compagne, dans une adaptation du film « Sur le route de Madison ». Deux ans plus tard, il avait joué dans la pièce « Love Letters », aux côtés d’Anouk Aimée. En 2011, à Paris et en tournée, Alain Delon avait partagé l’affiche de la pièce « Une journée ordinaire » avec sa fille Anouchka.
L’aura de la star a un peu chuté ces dernières années, certains lui reprochant ses prises de positions en faveur du Front national, de la peine de mort ou sur l’homosexualité, qu’il avait qualifiée de « contre-nature ».
Depuis une dizaine d’années, l’acteur vend régulièrement aux enchères ses collections d’art, ses voitures et ses grands vins : « je préfère laisser de l’argent à mes enfants », a expliqué le « Samouraï », détestant « les ventes posthumes… »
Le Quotidien / AFP