Les représentants des partis politiques du Luxembourg réagissent à l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République française.
Alex Bodry, président de la fraction parlementaire socialiste (LSAP)
«La victoire d’Emmanuel Macron est un soulagement certain, au vu notamment de la netteté de la défaite de Marine Le Pen, plus que ce que les sondages prédisaient, c’est positif. La France s’est ressaisie face à la menace nationaliste. Mais maintenant comment rassembler et redonner confiance et optimisme à la France? Est-ce qu’il saura rassembler? Se montrera-t-il ouvert à une coalition? Je ne suis pas sûr qu’il ait une majorité.»
Christian Kmiotek, coprésident de déi gréng
«C’est un grand soulagement, c’est un barrage aux idées de repli. Je suis très content que l’on ait défendu l’idée d’ouverture et d’Europe dans cette campagne. Les Autrichiens et les Néerlandais ont ouvert la voie, les Français creusent ce chemin. Il faudra maintenant que le président trouve une majorité. Il négociera avec les Allemands et vont devenir de vrais alliés avec le départ des Britanniques. L’axe franco-allemand va pouvoir fonctionner et défendre une Europe sociale.»
Claude Wiseler, président de la fraction parlementaire CSV et tête de liste aux législatives de 2018
«Ma première réaction est une réaction de soulagement. Je suis content de voir que cette victoire annoncée sur le papier soit effective. Cela dit, nous avons assisté ces deux dernières semaines en France à une campagne qui n’a vraiment pas été géniale pour la politique. Il faudra que la France puisse à nouveau croire à la grandeur de la politique. Le débat entre les deux tours était particulièrement pénible.
J’espère qu’Emmanuel Macron va redynamiser la politique. Maintenant, la plus grande difficulté sera de trouver une majorité solide au parlement. J’attends avec impatience de voir comment la droite et la gauche vont se positionner. Une des questions est de savoir si LR sera en mesure de former une majorité. Le parti socialiste est pour sa part à bout de souffle. La gauche va devoir se recomposer. En tout cas, l’instabilité serait mauvaise pour la France et l’Europe. Le Luxembourg, l’Union européenne, ont besoin d’une France stable à côté d’une Allemagne stable.»
David Wagner, député déi Lénk
«Ce résultat est extrêmement frustrant pour les Français car ils voient bien que Macron est un candidat qui a été fabriqué par les médias. C’était le rôle de Le Pen de servir d’épouvantail pour maintenir l’ordre social. Mais il y a quand même des raisons d’être optimiste : le pari des Insoumis de Jean-Luc Mélenchon est réussi car ils ont touché des gens qui se sentaient exclus, qui s’étaient désintéressés de la politique et qui y sont revenus. Il y a eu un réveil. Se pose maintenant la question de l’unité à gauche.
Comment faire? Ce ne sera pas facile mais la politique n’est pas facile. Je suis persuadé que Macron va réveiller encore davantage les Français s’il applique son programme de destruction sociale, car les classes populaires ne le suivent pas.»
Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères (LSAP)
«La raison politique des Français l’a emporté contre le faux patriotisme et ceux qui veulent détruire l’Europe. Le résultat est clair malgré une forte abstention et un record de votes blancs ou nuls. Emmanuel Macron doit être un instrument pour réconcilier les Français. Mais je suis d’accord avec ceux qui disent que « ça commence maintenant » avec les législatives des 11 et 18 juin. Même si l’on ne sait pas ce que vont devenir la gauche et la droite classiques, la gauche et la droite doivent s’affronter pour le bien de la démocratie car ce clivage ne va pas s’évaporer. Pour l’instant, le président n’a aucun député. Après, il y a l’adage de François Mitterrand qui disait que les Français ne vont pas voter pour un président pour ensuite le priver de majorité.
Lors de ces législatives, l’un des enjeux, à côté de la sécurité, sera la responsabilité de l’État dans les grandes questions sociales et économiques parce qu’en France trop de personnes n’arrivent pas à vivre de leur travail et que notre voisin est confronté à un chômage autour de 10 % depuis des années. Et en Europe, il ne faudra pas perdre de temps dans un débat institutionnel stérile. La question est d’arrêter de punir les pays pour un petit dépassement de déficit et dans le même temps accepter de graves problèmes sociaux.
Car si l’on regarde les résultats du premier tour, 50 % des électeurs ont donné leur voix à des candidats qui étaient contre l’Europe. Et au second tour, avec 11 millions de voix, Marine Le Pen fait quasiment le double de son père en 2002. Parmi ces 11 millions d’électeurs, beaucoup n’ont plus confiance en la démocratie et en l’Europe.»
Jean Schoos, président de l’ADR
«Le vote des Français a été clair, même s’il ne faut pas oublier qu’un tiers des électeurs ont choisi Marine Le Pen. Le grand rendez-vous pour le nouveau président français sera en juin (NDLR : les législatives). Il a un mois pour réconcilier les Français et trouver une majorité afin de mettre en place une politique.»
Corinne Cahen, présidente du DP, ministre de la Famille, de l’Intégration et de la Grande Région
«C’est un grand ouf de soulagement. Il faudra désormais qu’Emmanuel Macron démontre que la France ouverte, démocratique et sociale existe. Il a la responsabilité de convaincre ceux qui sont partis vers les extrêmes en n’oubliant pas les plus pauvres et les laissés-pour-compte. Il a du boulot devant lui. Nous avons beaucoup de projets en commun avec la France, que ce soit en matière de transport ou d’éducation. Ces projets vont continuer d’avancer. J’espère encore plus rapidement avec Emmanuel Macron.»
Le Quotidien