Le Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka a annoncé vendredi qu’il retirait sa démission et qu’il proposerait au président Milos Zeman de limoger le ministre des Finances Andrej Babis, soupçonné de fraude fiscale.
« Je ne présenterai pas la démission. Je proposerai prochainement au président de la République de révoquer le ministre des Finances », a déclaré devant la presse Bohuslav Sobotka, en conflit ouvert avec Andrej Babis, son rival politique et favori des élections parlementaires d’octobre. Sobotka, qui avait initialement annoncé sa démission pour la deuxième moitié de mai, a expliqué son revirement par les divergences de vue avec le chef de l’État sur les modalités constitutionnelles de sa démarche. Le Premier ministre social-démocrate a réagi aux déclarations de la veille du président Zeman, qui souhaitait accepter uniquement la démission du chef du gouvernement et non celle de l’ensemble du cabinet.
Le chef de l’État a estimé jeudi soir dans une interview télévisée que « la composition du gouvernement devrait rester la même. Le seul qui devrait être remplacé, c’est le Premier ministre ». Or, selon une opinion défendue par bon nombre d’experts, la démission d’un Premier ministre entraîne automatiquement celle du gouvernement, aux termes de la Constitution tchèque, relativement vague sur ce point. « J’espère que le président va respecter les habitudes constitutionnelles », a insisté vendredi Bohuslav Sobotka.
Crise gouvernementale
Le président Zeman qui avait évoqué la veille comme possibles successeurs à la tête du gouvernement les ministres sociaux-démocrates Lubomir Zaoralek (Affaires étrangères) ou Milan Chovanec (Intérieur), « ne va pas se dépêcher », a affirmé de son côté le porte-parole de la présidence, Jiri Ovcacek. Il a rappelé que le président effectuerait à partir du 9 mai un déplacement prévu en dehors de Prague, suivi d’une visite à Pékin, jusqu’au 18 mai. « Ce n’est qu’après que nous analyserons la situation », a dit le porte-parole.
Interrogé par la presse, Babis a quant a lui indiqué qu’il allait « laisser la décision au président », avant de qualifier de « ridicules » les arguments avancés par Sobotka. « Le Premier ministre change d’avis pour la quatrième fois en l’espace de quelques heures, je n’y comprends rien », a raillé celui qui s’est récemment formellement séparé de son grand groupe agro-alimentaire Agrofert, à l’origine de sa fortune, deuxième du pays selon Forbes.
Bohuslav Sobotka a réitéré vendredi ses doutes émis quant à la gestion des affaires du ministre des Finances, à l’origine de la crise gouvernementale selon lui. Rival politique de longue date de Sobotka, le chef de l’État est en revanche favorable à Babis, homme politique le plus populaire du pays selon des sondages publiés avant l’éclatement de la crise actuelle. Le mouvement centriste ANO, dirigé par Andrej Babis est le grand favori des élections prévues les 20 et 21 octobre, qui seront suivies du scrutin présidentiel trois mois plus tard. Le gouvernement tripartite au pouvoir depuis début 2014 est formé du Parti social-démocrate CSSD, du mouvement ANO et des chrétiens-démocrates KDU-CSL.
Le Quotidien/AFP