Ils sont encore neuf joueurs dudelangeois de l’actuel effectif à avoir évolué au F91 avec Thierry Steimetz, amputé d’une jambe la semaine passée. Et ont beaucoup de mal à se remettre de la nouvelle.
« Je vous avoue, hier (NDLR : mercredi), j’en ai carrément pleuré. » Bryan Mélisse fait partie des neuf joueurs à avoir connu Thierry Steimetz entre 2012 et 2014 et à évoluer encore à Dudelange. L’effectif avait déjà eu à gérer, en janvier 2015, le terrible épisode du décès d’Oumar Sylla après un cancer du foie et qui avait traumatisé tout un vestiaire.
Un peu plus de deux ans plus tard, l’amputation d’une jambe, sous le genou, de leur ancien meneur de jeu Thierry Steimetz, les a cueillis à froid, en ce milieu de semaine. Ils étaient beaucoup à savoir que ça allait mal, mais n’avaient pas encore tout à fait réalisé ce qui se passait.
« On savait que ça n’allait pas, murmure Dan Da Mota, on savait que c’était peut-être la seule solution. Mais quel choc! » « On n’ose même pas trop en parler entre nous. C’est compliqué, c’est trop frais », relève Jerry Prempeh, qui a immédiatement envoyé un SMS. Ça, Bryan Mélisse a hésité à le faire. Mais il a osé. « Juste pour lui dire que je pense à lui et lui dire d’avoir du courage.
Pas plus. J’ai essayé de me mettre à sa place. On n’est pas en contact régulier et moi, si ça m’arrivait, ça m’énerverait de recevoir plein de SMS de gens qui savent ce qui m’est arrivé. Moi, j’imagine qu’il n’a envie de parler à personne .»
Thierry Steimetz a quand même répondu à chacun. Au fil de quelques messages, Prempeh a cru comprendre que le milieu de terrain offensif est « très atteint » : « Il m’a dit que le plus dur… c’était d’accepter sa situation .»
Les gorges sont clairement nouées. L’évocation est douloureuse, presque morbide. Dan Da Mota a pris la mesure du drame à sa manière : il se refuse à envoyer un message à son ancien pourvoyeur de ballons. Trop impersonnel dit-il, « pas dans ces circonstances ». « Je veux me déplacer chez lui. C’est trop grave, je préfère aller le voir. Il y avait chez lui cette joie de vivre, une certaine valeur humaine .»
Jeudi, tous les joueurs dudelangeois qui ont accepté de parler de ce qu’ils ressentent se sont excusés de conjuguer leurs phrases au passé de manière tout à fait logique. Certains ne l’ont plus revu depuis son départ pour l’Allemagne. Pourtant, il n’est pas mort, comme Oumar. Mais imaginer cet artiste ainsi diminué, c’est plus fort qu’eux, ça leur déchire le cœur. D’ailleurs, Bryan Mélisse se refuse à effectuer la même démarche que Da Mota : « Ma femme m’a poussé à le faire, mais je ne veux pas. On ne va pas savoir quoi se dire et on finira par parler de foot et il va retomber dedans .»
« Il était infatigable, il pouvait jouer encore dix ans à ce niveau », estime Da Mota. « Ce gars, c’était un truc de fou, il faisait ce qu’il voulait du ballon, sourit Prempeh. C’est incompréhensible qu’il n’ait pas connu une carrière pro. C’est tellement triste. Un type tellement gentil, tellement simple .»
S’ils sont si chamboulés, c’est aussi qu’ils se sont tous mis à sa place. Et que c’est une abomination. « En tout cas, je ne vais pas oublier ça de sitôt. Vous pouvez être sûr que ces prochaines semaines, ces prochains mois, je vais penser souvent à lui. » Bryan Mélisse a baissé la voix. Sous le choc.
Ces prochains jours, les joueurs dudelangeois envisagent un geste groupé pour lui témoigner de leur soutien…
Julien Mollereau