Les PDG de Lufthansa et de sa filiale lowcost sont attendus mercredi matin à proximité du lieu du crash de l’A320 de Germanwings dans les Alpes françaises, où les corps des 150 victimes ont été évacués de la zone d’impact.
Un car transportant des familles et proches de victimes du crash de l’A320 de la compagnie Germanwings arrive à Seyne-les-Alpes, dans les Alpes-de-Haute-Provence, le 31 mars 2015. (Photo : AFP)
Carsten Spohr et Thomas Winkelmann viendront se recueillir devant une stèle érigée à la mémoire des victimes du drame et rendre hommage aux équipes sur place. Une semaine après la catastrophe aérienne, le lieutenant-colonel Jean-Marc Ménichini de la gendarmerie française a déclaré mardi qu’il n’y avait « plus de corps sur la zone du crash » et que l’évacuation de ces derniers était donc terminée. Mercredi, « vingt militaires chasseurs alpins vont monter avec les équipes pour récupérer les effets personnels » des passagers, a-t-il précisé à Seyne-les-Alpes.
En Allemagne, Lufthansa a révélé mardi que le copilote soupçonné d’avoir provoqué le crash, qui a fait 150 morts le 24 mars, l’avait informé en 2009 qu’il avait connu un « épisode dépressif sévère ». La maison-mère de Germanwings a affirmé avoir transmis au parquet de Düsseldorf (ouest), en charge de l’enquête allemande sur les causes du crash, des « documents supplémentaires » confirmant qu’Andreas Lubitz avait informé en 2009 l’école de pilotage de l’entreprise qu’il avait connu un « épisode dépressif sévère ».
Jusqu’à présent, Lufthansa avait affirmé que cet homme de 27 ans avait interrompu sa formation pendant « plusieurs mois » il y a six ans. Mais M. Spohr avait déclaré ne pas avoir le droit de révéler les raisons de cette interruption. Cette fois, Lufthansa affirme avoir procédé à « de nouvelles recherches internes » pour fournir ces documents des pièces qui concernent sa formation au pilotage, des « documents médicaux » et la « correspondance par courriels entre le copilote et l’école de pilotage » et ce, « dans l’intérêt d’une élucidation rapide et sans faille » des circonstances du drame.
> Plus de 450 proches sur place
Dans l’après-midi, le président français François Hollande, en visite à Berlin, a promis une identification rapide des restes des 150 victimes du crash. Interrogé par l’AFP, le ministère de l’Intérieur a précisé qu’on pouvait «espérer que d’ici la fin de la semaine on aura récupéré les ADN de toutes les victimes», sans en avoir la certitude. De son côté, la chancelière Angela Merkel a réitéré ses remerciements à la France pour son aide, et salué le «grand coeur» de la population sur place, fortement mobilisée pour accueillir les familles des victimes, parmi lesquelles 75 Allemands.
Plus de 450 membres de ces familles se sont rendus sur place, à l’exception notable de celle d’Andreas Lubitz, a indiqué la préfète du département voisin des Alpes maritimes. Pour faire face aux probables demandes de dommages et intérêts de la part des familles, le consortium d’assureurs conduit par le géant allemand Allianz a mis de côté 300 millions de dollars (279 millions d’euros), a indiqué à l’AFP une porte-parole de Lufthansa, confirmant des informations du journal Handelsblatt.
L’avion était assuré à hauteur de 6,5 millions de dollars, d’après le quotidien économique allemand, qui cite des sources proches du dossier. Même s’il était prouvé que M. Lubitz a volontairement provoqué le drame, cela ne changerait rien aux indemnisations auxquelles les proches des victimes ont droit, selon des spécialistes du secteur.
> Peur d’être déclaré inapte à voler
Lundi, le parquet de Düsseldorf avait révélé que le jeune homme avait suivi un traitement pour des tendances suicidaires dans le passé. Cité mardi par le quotidien populaire Bild, un enquêteur évoque comme « mobile principal » sa « peur » de « perdre son aptitude au vol en raison de ses problèmes de santé ». Le Bureau d’enquêtes et analyses français pour l’aviation (BEA) a indiqué de son côté « étudier les failles systémiques qui auraient pu conduire » au drame, comme « la logique du système de verrouillage des portes de cockpits » et les « critères et procédures susceptibles de détecter des profils psychologiques particuliers ».
Lufthansa, « par respect pour les victimes », a annulé les célébrations prévues le 15 avril pour le 60e anniversaire de la compagnie. Les passagers du l’A320 étaient pleinement conscients que l’appareil allait s’écraser et ont crié « Mon Dieu » en plusieurs langues avant le crash, selon une vidéo que l’hebdomadaire Paris Match et le quotidien allemand Bild ont pu visionner. L’hebdomadaire français assure mardi sur son site internet n’avoir « aucun doute » sur la provenance de l’enregistrement, en l’occurrence un téléphone portable.
Ces affirmations sont « complètement fausses », a réagi le lieutenant-colonel Ménichini, interrogé par CNN. Il a précisé que les téléphones mobiles collectés sur le site du crash n’avaient pas été « encore exploités » par les enquêteurs, selon le site internet de la chaîne américaine d’information en continu. Sur le site du crash, enquêteurs et gendarmes ont collecté « plus de 4 000 pièces », débris de l’avion et restes de corps, selon la gendarmerie française.
L’un des objectifs est toujours de retrouver la seconde boîte noire qui contient les paramètres de vol. « Des sondages par perche dans la terre » sont effectués, a-t-elle ajouté. Deux hélicoptères tournaient par ailleurs au-dessus du site et ses alentours pour tenter de retrouver d’autres éléments à l’extérieur de la zone de recherche. Selon le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, huit spécialistes israéliens ont également été dépêchés sur place afin d’aider notamment à retrouver les morceaux du corps d’une victime juive. Ces spécialistes sont rodés à cet exercice du fait des attentats en Israël, le judaïsme imposant l’intégrité du corps des victimes lors de l’inhumation.
Environ 400 échantillons prélevés sur les morceaux de corps ont pour le moment été envoyés à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, près de Paris. Mercredi, un service oecuménique funèbre aura lieu à 17H00 à l’église catholique de Haltern (ouest de l’Allemagne), d’où étaient originaires les 16 élèves allemands morts dans la catastrophe.
AFP