« Je n’ai pas été trompé, j’ai été volé » : le procès pour escroquerie de la Landsbanki Luxembourg, filiale d’une banque islandaise emportée par la crise en 2008, a débuté mardi avec des témoignages de plaignants.
Neuf personnes, dont le patron de la banque Landsbanki, sont jugées jusqu’au 24 mai par le tribunal correctionnel de Paris. Le procès, qui va durer un mois, a commencé par l’appel des parties civiles, dont Enrico Macias. Le chanteur, dont la plainte en 2009 a fait éclater l’affaire, doit déposer mercredi.
Le président rappelle les faits : à l’été 2007, des propriétaires de biens immobiliers de valeur en France, et souvent en mal de liquidités, les gagent auprès de Landsbanki Luxembourg. Ils reçoivent une fraction de la somme empruntée en argent frais, le reste sous forme de placements. Pour l’accusation, intervient alors un double mensonge : sur la santé financière de la banque, et sur les risques liés à l’opération. En 2008, la maison-mère est emportée par la crise financière puis nationalisée, comme toutes les grandes banques islandaises. La Landsbanki Luxembourg fait faillite et sa liquidatrice entreprend de recouvrer non seulement les sommes effectivement versées aux emprunteurs, mais aussi la totalité des créances, quitte à vendre ou menacer de vendre les biens hypothéqués.
« J’étais pris à la gorge »
A la barre, un homme à longues moustaches et pantalon de velours. En 2007, il gagne « environ 3 000 euros par mois » et veut renflouer son entreprise de peinture. Il n’en démord pas : il a emprunté « 100b000 euros, moins les frais ». Mais pour Landsbanki Luxembourg, il doit 600 000 euros, la valeur estimée de l’appartement hypothéqué. Le président lit une clause du contrat qui évoque une « prise de risque considérable ». Un avocat de la défense asticote le plaignant : « Vous, un chef d’entreprise, vous signez un contrat sans le lire ? » « J’étais pris à la gorge », s’insurge l’homme. « J’ai été volé, je n’ai plus rien. »
Arrive un monsieur en costume sombre à boutons dorés. En 2007, il a besoin d’argent frais. « Je savais que partout on allait me dire non », raconte ce Niçois de 70 ans, qui se tourne alors vers la solution « ingénieuse » proposée par Landsbanki Luxembourg et hypothèque une maison pour près de 2 millions d’euros. Quelle est sa profession ? demande la défense. « Avocat. Mais ce n’est pas parce qu’on est avocat qu’on ne peut pas être victime d’escroquerie », se récrie-t-il.
Le Quotidien/AFP