L’opposition vénézuélienne a promis pour mardi et mercredi de nouvelles actions de protestation contre le président Nicolas Maduro, qui a lancé lundi un processus pour une nouvelle Constitution.
Après un mois de violents affrontements entre l’opposition et le président, avec de nombreuses manifestations où les violences ont fait 28 morts, la nouvelle annonce du chef de l’Etat est perçue par l’opposition comme une provocation de plus.
Dès l’aube mardi, les manifestants comptaient bloquer des routes et des grandes rues un peu partout dans le pays, et commencer à préparer une « méga » manifestation pour mercredi afin de protester contre ce que l’opposition qualifie de « coup d’Etat » et de « fraude constitutionnelle ».
Et mardi soir, le Parlement, seule institution contrôlée par l’opposition, devait discuter des conséquences de la décision de M. Maduro.
Le président a en effet annoncé lundi, devant plusieurs milliers de ses partisans rassemblés dans le centre de Caracas à l’occasion de la Fête du travail du 1er mai, la convocation d’une assemblée constituante.
Au même moment se déroulaient dans d’autres quartiers de la capitale, ainsi que dans d’autres villes, de nouvelles manifestations appelant au départ de M. Maduro et à des élections anticipées. Elles ont comme chaque fois été marquées par des affrontements entre les manifestants et les forces de sécurité.
M. Maduro a déclaré qu’il convoquait une assemblée chargée de rédiger une nouvelle Constitution appelée à remplacer celle de 1999. Il s’agira selon lui d’une assemblée constituante « populaire, citoyenne, ouvrière », d’une « constituante du peuple » et non « des partis politiques ».
Une partie des 500 membres de l’assemblée seront élus, a-t-il précisé, par divers secteurs de la société, et par exemple les retraités, les minorités sexuelles ou les handicapés y auront leurs représentants.
Les autres membres « seront élus selon un système territorial avec un caractère municipal et local », a dit M. Maduro.
La nouvelle Constitution remplacerait celle de 1999, adoptée à l’initiative de Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013 et mentor de M. Maduro. La Constitution de 1999 avait été rédigée par 131 constituants élus au suffrage direct, universel et secret, puis approuvée par référendum.
L’opposition a immédiatement rejeté cette initiative, estimant qu’il s’agissait de la poursuite du « coup d’Etat » mené selon elle par le camp du président contre le Parlement qu’elle contrôle.
« Maduro renforce le coup d’Etat et approfondit la grave crise » que vit le Venezuela, a déclaré sur Twitter un des principaux dirigeants de l’opposition, Henrique Capriles, ancien candidat à l’élection présidentielle.
Le pouvoir veut « tuer la Constitution » avec cette initiative qui est une « fraude », a estimé M. Capriles, appelant les partisans de l’opposition à « désobéir à une telle folie ».
« Le coup d’Etat continue. Ce qu’a convoqué Maduro n’est pas une constituante mais une ‘prostituante' », a lancé un autre responsable de l’opposition, le parlementaire Henry Ramos Allup.
L’opposition, majoritaire au Parlement depuis les élections législatives de décembre 2015, accuse le pouvoir de « coup d’Etat » depuis que le Tribunal suprême de justice (TSJ, Cour suprême) s’est arrogé les pouvoirs du Parlement et a supprimé l’immunité des députés.
Devant le tollé international, le TSJ a dû faire marche arrière. Mais cette tentative pour neutraliser la seule institution tenue par l’opposition a déclenché une vague de manifestations au cours desquelles 28 personnes ont été tuées depuis le 1er avril, selon le Parquet.
Le président du Parlement, Julio Borges, a lui aussi appelé les Vénézuéliens à se révolter contre ce qu’il a qualifié d' »escroquerie pour tromper le peuple ».
En signe de protestation, l’opposition a donné dans la soirée un grand concert de casseroles dans plusieurs quartiers de Caracas.
Pour l’analyste Eugenio Martinez, spécialiste des élections, « le chavisme convoque la seule élection qu’il pense être capable de gagner: l’élection d’une assemblée nationale constituante en manipulant les listes électorales et le système de vote ».
Après son annonce, M. Maduro a réuni ses ministres et les chefs des forces armées au palais présidentiel de Miraflores. Il a signé le décret convoquant l’assemblée constituante et a annoncé sans autre précision « de nouvelles formes de démocratie participative ».
Le Quotidien / AFP