Un jeune randonneur taïwanais était en convalescence jeudi à l’hôpital de Katmandou, au lendemain de sa découverte inespérée dans un massif reculé du Népal aux côtés du cadavre de sa petite amie après 47 jours de perdition.
Liang Sheng-yueh, 20 ans, a été trouvé mercredi dans une zone montagneuse du nord-ouest du pays dans un état de malnutrition aiguë. Le Taïwanais, qui a perdu 30 kilogrammes dans son calvaire, a tenu pendant près de sept semaines en montagne avec du sel et de l’eau après avoir épuisé ses provisions.
Sa petite amie Liu Chen-chun, 18 ans, n’était déjà plus lorsque les secouristes les ont découverts dans un repli de terrain surplombant une chute d’eau. La jeune femme était décédée trois jours avant.
Après s’être perdu lors d’une randonnée début mars dans le massif du Ganesh Himal, le couple avait décidé de suivre un cours d’eau dans l’espoir de tomber sur un village. Mais ils se sont retrouvés piégés en haut d’une falaise d’une cascade, et dans l’impossibilité de rebrousser chemin.
« D’un côté, ils avaient un vide de 100 mètres et de l’autre une pente raide. Ils étaient bloqués », raconte Madhav Basnet, un membre de l’équipe de sauveteurs.
Sirotant une soupe chaude et s’exprimant avec peine en anglais, le survivant a confié mercredi à l’AFP que la température était « très froide » à 3.000 mètres d’altitude et qu’il avait eu du mal à dormir.
Pour ne rien arranger, la neige tombait abondamment. N’arrivant pas à planter leur tente, les deux randonneurs ont dû s’abriter sous un rocher.
Ils ont survécu en mangeant des pommes de terre et des nouilles, jusqu’à ce que leur stock de provisions disparaisse, ne leur laissant que de l’eau et du sel.
Ne recevant pas de signe de vie comme convenu le 10 mars, les familles des disparus avaient alerté les autorités népalaises. Le père de Liang s’est rendu au Népal et a affrété un hélicoptère pour participer aux recherches.
C’est en voyant des corbeaux tournoyer dans le ciel que les sauveteurs ont repéré la poche dans laquelle étaient coincés les deux amants. Liu était morte, Liang dormait. Sa jambe droite était infestée de vers.
« L’endroit était si profond et étroit qu’il était impossible d’y faire atterrir un hélicoptère », témoigne le secouriste Madhav Basnet.
Les Taïwanais ont dû être hélitreuillés.
Le couple d’Asiatiques randonnait sans avoir recours aux services d’un local, relançant le débat au Népal sur la sécurité en montagne. Les sentiers et pics de ce pays himalayen attirent chaque année des touristes du monde entier.
Plusieurs organisations font pression pour que les services d’un guide soient rendus obligatoires au-dessus d’une certaine altitude, explique Ang Tsering Sherpa, président de la fédération d’alpinisme du Népal.
« Même des chemins très fréquentés peuvent être compliqués à suivre pour des randonneurs inexpérimentés en cas de neige ou autre perturbation », explique-t-il à l’AFP.
En 2014, une tempête de neige avait tué 40 personnes sur le très populaire circuit du massif de l’Annapurna. Des critiques avaient dénoncé le manque d’informations à destination des randonneurs en solitaire.
Un tiers de la centaine de milliers de randonneurs annuels au Népal ne recourt pas à un guide, selon l’association des agences de trekking du Népal.
Pour Chandra Prasad Risal, le président de cette association, bien des accidents en montagne pourraient être évités avec la présence d’un guide.
« Nous espérons que cette affaire réveillera les autorités », dit-il.
Le Quotidien / AFP