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Sélection nationale – « On a l’impression que vous êtes contre nous »


Ambiance surréaliste, hier, à la conférence de presse d’avant Turquie. Les joueurs y ont dit ne pas se sentir soutenus du tout par les médias. Les Roud Léiwen ont décidé d’entrer en conflit larvé avec les médias. En tout cas, de ne plus forcément répondre à leurs sollicitations.

Football : France / Luxembourg - Qualifications Euro 2012 - 12.10.2010 -

« J’avoue, je ne voulais plus vous parler. Mais là, je représente le groupe, car personne ne voulait venir vous voir. » a déclaré hier Luc Holtz. (Photo : DR)

On se posait la question hier, on a eu la réponse aujourd’hui : l’intervention musclée de Paul Philipp dans les vestiaires après la défaite contre les Slovaques, à Zilina, en a dévasté certains dans le vestiaire luxembourgeois. Voire, a cassé quelque chose dans le rapport que ce groupe entretient avec l’extérieur. Luc Holtz n’a pas pu le cacher, hier, à la fin d’une conférence de presse d’un genre très particulier où tout est parti en sucette, du sélectionneur qui demande aux médias de respecter son boulot à Maxime Chanot, porte-parole des joueurs (de tous ?), qui lui chipe la parole pour dire que, désormais, le groupe vit dans une position de défiance totale envers la presse grand-ducale.

Il est 18 h pétantes quand tout le monde s’installe dans la salle de restaurant de l’Hôtel Leweck. La première question fuse, la réponse du sélectionneur n’a rien à voir avec la question. Voir presque tous les représentants des médias réunis autour de la main courante pour suivre sa séance de l’après-midi, une petite demi-heure plus tôt, alors qu’elle était censée se dérouler à huis clos, l’a énervé au plus haut point. Et il va le dire. Précisant au passage que c’est plus de respect des conditions de travail qu’il est question que de la protection du secret de la tactique mise en place. L’un étant de toute façon lié à l’autre.

Le ton monte lentement, gentiment, en respectant les limites de la décence. Quant Maxime Chanot, tout aussi courtois, mais ferme, dur, demande la parole à son coach en prenant soin de préciser qu’il risque de se faire recadrer par ce dernier dans la soirée… mais qu’il assume. Morceaux choisis d’une tirade d’un seul homme au nom de beaucoup d’autres sans qu’on sache vraiment de combien : « J’avoue, je ne voulais plus vous parler. Mais là, je représente le groupe, car personne ne voulait venir vous voir. Nous sommes très énervés par rapport à vous parce que si on fait le bilan des deux dernières années, on n’a pas vu un article positif de votre part. On n’arrive pas à comprendre ce que vous attendez de nous. Ou plutôt, on a l’impression que vous êtes CONTRE nous. Alors voilà, je délivre le message des joueurs, ne vous étonnez pas si, sur les prochains rassemblements, personne ne souhaite venir vous donner d’interview. »

> « Cette mentalité a toujours été négative »

Dans la foulée, le débat vire à l’incompréhension mutuelle. Revendications chez les journalistes d’une liberté d’expression qui ne peut pas faire l’impasse sur le fait que les Roud Léiwen effectuant de très belles choses ces dernières années, ne pas les critiquer quand ils baissent légèrement de niveau, serait une faute de goût. D’autre part, des joueurs qui, semble-t-il, manquent d’amour. Si cela ne tient qu’à ça, on peut le leur dire, nous, qu’on les aime et qu’on trouve ce qu’ils font le plus souvent épatant depuis deux ou trois ans. Mais on doute que cela suffise.

Est-ce un hasard si ce ras-le-bol d’un pessimisme qu’ils disent ambiant et généralisé, intervient après la Slovaquie, soit la pire prestation depuis des lustres, après laquelle les joueurs ont effectivement pris cher ? Trop cher d’ailleurs ? « Mes joueurs s’investissent énormément et il faut les respecter, tranche Holtz. Ils donnent tout et c’est pour ça que je me mettrai toujours devant eux pour les protéger. » Y compris contre Paul Philipp quand celui-ci parle de « honte », une parole qui a installé un sérieux malaise au sein de la sélection, une réalité actée en marge de la conférence de presse.

Après tout ça, on a bien essayé de parler de la Turquie mais le cœur n’y était plus. Les médias se sont bien rendu compte, à ce moment-là qu’ils auraient, sans cette double sortie, demandé une revanche à Holtz et ses hommes après la triste copie slovaque. Holtz y a coupé court : « Notre performance n’était pas bonne, mais ce n’était pas une honte non plus. » Tout à fait d’accord, même si on ne relativise pas de la même manière suivant qu’on se trouve d’un côté ou de l’autre du micro…

De notre journaliste Julien Mollereau