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Trois petits selfies et puis s’en vont

L’entre-deux-tours va être féroce, et cela ne fait que commencer. Hier, Marine Le Pen a cru faire un coup de communication de génie en court-circuitant son opposant, Emmanuel Macron. Elle est allée voir les ouvriers de l’usine Whirlpool d’Amiens, en proie à une délocalisation. Le candidat d’En marche! était avec l’intersyndicale dans les locaux de la Chambre de commerce pour parler du dossier à huis clos, quand Marine Le Pen a débarqué sans prévenir sur le site industriel avec les caméras pour asséner sa litanie sur la fin des délocalisations grâce à la fermeture des frontières. Dix minutes et quelques selfies plus tard – dont un grand sourire avec une femme en pleurs – Marine Le Pen était partie. Toute contente d’elle d’avoir coupé l’herbe sous le pied de son opposant en donnant l’image d’une candidate proche du peuple.

La contre-attaque n’a pas tardé quelques heures plus tard quand Emmanuel Macron a débarqué à son tour à l’usine, sous les huées. Les ouvriers de l’usine étaient partagés. Entre l’impression d’être les otages d’un cirque médiatique et la réelle souffrance de toute une région sinistrée, les Whirlpool étaient déboussolés et désabusés. À chaque élection en France, le dossier emblématique d’une grosse usine en difficulté est mis en avant. Des ouvriers sur le carreau qui se retrouvent sans avenir. Les candidats sont sommés d’aller sur place, sous l’œil de nombreuses caméras, de compatir avec les employés, de faire des propositions plus irréalisables les unes que les autres avant de repartir. Pour que rien ne soit fait, dans le fond, pour que les choses changent.

Emmanuel Macron n’a pas promis monts et merveilles, mais il a pris le temps de dialoguer avec un personnel loin d’être acquis à ses idées pendant près d’une heure. On peut lui laisser ce mérite, même s’il a dû répondre à l’injonction médiatique de Marine Le Pen qui impose le tempo de cette campagne. Mais la séance de selfies ne fait pas le poids face à un franc débat, n’en déplaise aux communicants.

Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)

Un commentaire

  1. Ben Audrey, vaut mieux les renvoyer dos à dos…
    Ils n’en ont rien à f….. de Whirlpool. Ni l’un ni l’autre.
    C’est juste des gesticulations médiatiques. Whirlpool est une anecdote du mal français comme dit Attali.
    Rien ne peut empêcher – dans l’état actuel de l’Europe – une multinationale de délocaliser.
    Le reste c’est du vent…