« Montigny, ce n’est pas moi ! », a spontanément lancé Francis Heaulme, au premier jour de son procès devant les assises de la Moselle à Metz pour le double meurtre de Cyril Beining et Alexandre Beckrich en 1986.
« J’ai commis des meurtres, je le reconnais, mais Montigny, ce n’est pas moi ! », a-t-il clamé en interrompant le président de la cour. C’est la première fois que le tueur en série, surnommé le « routard du crime », s’exprime de façon spontanée, en se levant face à l’assistance, visiblement énervé. Gabriel Steffanus, qui préside les débats, venait tout juste d’évoquer les confessions de deux anciens codétenus du tueur en série. Ces derniers ont affirmé aux enquêteurs que Heaulme leur avait fait des confidences sur ce double meurtre. Extrêmement pâle, saisi de tremblements fréquents, il s’est ensuite rassis, les bras à nouveau croisés sur son pull.
Plus de trente ans après les faits, Heaulme est jugé depuis mardi pour les meurtres des deux garçons âgés de 8 ans, un dossier hors norme. Francis Heaulme, 58 ans et déjà condamné pour neuf meurtres, a pris place dans le box des accusés peu après 10h. Concentré, il a observé le tirage au sort des jurés, majoritairement des hommes. Le menton posé sur le poing, il a ensuite écouté son avocate prendre la parole.
Plus d’une centaine de témoins attendus
Arrêté en 1992 pour d’autres faits, soupçonné depuis le milieu des années 2000 d’avoir tué le 28 septembre 1986 Alexandre Beckrich et Cyril Beining, sur le talus d’une voie ferrée à Montigny-lès-Metz, il a toujours nié ces deux meurtres. Les corps des deux garçons, partis jouer avant le dîner, avaient été retrouvés le crâne enfoncé à coup de pierre, le pantalon de survêtement de l’un baissé. Un jeune homme, Patrick Dils, avait été condamné en 1989 pour le double meurtre avant d’être innocenté après avoir passé quinze ans en prison.
Mis en examen une première fois en 2006, Francis Heaulme avait bénéficié d’un non-lieu. Sa présence non loin des lieux est avérée et le double assassinat porte sa « signature criminelle », soutiennent les enquêteurs, mais aucune preuve matérielle ne subsiste.
Le procès, le 5e dans cette affaire, doit durer jusqu’au 18 mai. Plus d’une centaine de témoins sont attendus.
Le Quotidien/AFP