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Theresa May rebat les cartes

Theresa May a pris tout le monde de court, hier. Elle qui disait encore en juin dernier qu’il ne serait pas question d’élections cette année a appelé finalement hier à la tenue d’élections générales le 8 juin prochain. Quelques semaines seulement après le déclenchement de l’article 50 du traité sur l’Union européenne (UE) qui signe le début des négociations pour la sortie du Royaume-Uni de l’UE, la Première ministre britannique rebat les cartes et espère obtenir une majorité conservatrice forte pour négocier au mieux les futurs traités qui devront recueillir l’assentiment du Parlement pour être ratifiés.

La tactique est osée, mais risque bien de lui donner raison. Le Parti travailliste est aussi à l’agonie que le Parti socialiste français. Son leader, Jeremy Corbyn, manque de soutiens dans son propre camp et il semble bien terne pour affronter les conservateurs avec efficacité en si peu de temps. Le Labour n’a pas les faveurs de l’opinion publique qui est toujours divisée entre les pro-Brexit, rejoints par ceux qui se sont fait à l’idée, et les «remain», qui voient dans Corbyn un traître. Il a milité plus que mollement pour que le Royaume-Uni reste dans l’UE, puis a voté en faveur de l’article 50 au Parlement. Bref, les 48 % qui ont voté pour rester dans l’UE se trouvent bien seuls politiquement, et une forte majorité du Parti conservateur pourrait bien faire pencher la balance vers un «hard» Brexit. L’espoir qu’un parti politique puisse revenir en arrière et défendre les intérêts d’un Royaume-Uni au sein de l’UE s’est envolé. Il faut tourner la page, avec une Theresa May qui devrait asseoir sa légitimité, elle qui était arrivée au pouvoir sans élection.

Le problème écossais reste cependant entier, les nationalistes vont être galvanisés pour demander de plus belle un référendum sur l’indépendance écossaise. De son côté, l’Irlande du Nord n’a toujours pas de gouvernement depuis les élections du mois de mars, et l’instabilité politique risque bien de perdurer. Theresa May a tiré la bonne carte avec ces élections, mais les ennuis ne font que commencer si elle veut garder son royaume… uni.

Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)