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Les occidentaux cherchent à afficher leur unité sur la Syrie


Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, le 5 avril 2017 à Washington. (Photo : AFP)

Les ministres des Affaires étrangères du G7 vont chercher lundi et mardi à Lucques (Italie) à afficher leur unité, pour tenter de relancer le processus politique en Syrie et transmettre un message «clair et coordonné» à la Russie.

Avant la visite à Moscou du secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson, les relations se sont tendues entre les Etats-Unis, qui ont appelé dimanche au départ du président syrien Bachar al-Assad, et les alliés de Damas, en particulier la Russie et l’Iran, qui ont eux menacé Washington de représailles. La réunion ministérielle annuelle du G7 devait être pour plusieurs chefs de la diplomatie l’occasion de faire la connaissance de M. Tillerson, en abordant une série de sujets: lutte contre le terrorisme, situation en Libye et en Ukraine, provocations nord-coréennes, accord sur le nucléaire iranien…

Mais l’attaque chimique présumée qui a fait 87 morts le 4 avril à Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest de la Syrie, et les représailles américaines dans la nuit du 6 au 7 avril contre une base aérienne de l’armée syrienne, les premières en six ans de conflit, ont chamboulé l’ordre du jour. Le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, a estimé que la réunion devait désormais permettre de confier à M. Tillerson un «message clair et coordonné» pour la Russie en vue d’une solution politique en Syrie.

«Il est temps pour Vladimir Poutine de faire face à la vérité sur le tyran qu’il soutient», a affirmé M. Johnson lundi matin. M. Assad «est maintenant toxique dans tous les sens du terme. Il empoisonne le peuple innocent de Syrie avec des armes qui ont été interdites il y a 100 ans et il empoisonne la réputation de la Russie». Pour tenter de renforcer le consensus en marge des tables rondes qui doivent se succéder jusqu’à mardi midi, le ministre italien des Affaires étrangères, Angelino Alfano, a convoqué pour mardi matin une réunion élargie avec la Turquie, les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite, la Jordanie et le Qatar.

Rex Tillerson est arrivé dès dimanche soir en Italie, et s’est entretenu lundi matin avec son homologue japonais, Fiumio Kishida, qui a ensuite déclaré soutenir «la résolution avec laquelle le gouvernement américain oeuvre pour assumer sa responsabilité dans la lutte contre la prolifération et l’utilisation d’armes chimiques». D’autres entretiens bilatéraux étaient encore à son programme en début d’après-midi, dont un avec son homologue français Jean-Marc Ayrault, avant la première table ronde à sept (Etats-Unis, Japon, Canada, Allemagne, Royaume-Uni, France et Italie) prévue à 16H30 (14H30 GMT) au palais ducal de Lucques.

« Rendre des comptes »

Dans la matinée, M. Tillerson a participé à une cérémonie du souvenir à Sant’Anna di Stazzema, un village près de Lucques où 560 civils ont été assassinés par des soldats SS en août 1944. «Nous nous engageons un nouvelle fois à faire en sorte que tous ceux qui commettent des crimes contre des innocents partout dans le monde aient à rendre des comptes», a déclaré le ministre américain. Dimanche, l’administration Trump, tout en réaffirmant que sa priorité restait d’anéantir l’organisation jihadiste Etat islamique (EI), s’est montrée particulièrement ferme envers le président syrien.

«Il n’y a aucune option avec laquelle une solution politique peut intervenir avec Assad à la tête du régime», a assuré l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, reprenant un leitmotiv de Barack Obama qui n’avait pas semblé être une préoccupation pour Donald Trump. Parallèlement, M. Tillerson a illustré le durcissement du climat en s’interrogeant dimanche sur les réelles intentions de la Russie en Syrie.

«Je ne pense pas que les Russes veulent une dégradation des relations avec les Etats-Unis, mais il va falloir beaucoup de discussions et de dialogue pour mieux comprendre quelle relation la Russie veut avoir avec nous», a-t-il prévenu. Les frappes américaines ont également radicalisé le camp d’en face, alors que le régime de Damas a rejeté toute responsabilité dans l’attaque de Khan Cheikhoun.

«L’agression contre la Syrie outrepasse toutes les lignes rouges. Désormais, nous réagirons fermement à toute agression contre la Syrie», a affirmé dans un communiqué la «chambre d’opération conjointe», un organe basé en Syrie qui regroupe la Russie, l’Iran et les forces «alliées» dont le Hezbollah libanais.

Le Quotidien/AFP