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Un porte-avion US et sa flotte en route vers la péninsule coréenne


Le porte-avions américain Carl Vinson. (Photo : AFP)

Moins de 48 heures après avoir frappé une base aérienne syrienne, pour punir le régime Assad d’une attaque chimique présumée, les États-Unis ont décidé samedi de montrer leurs muscles sur un autre dossier, le nucléaire nord-coréen.

Un porte-avions américain et sa flotte font route vers la péninsule coréenne, a ainsi révélé samedi le porte-parole du commandement américain dans le Pacifique, en mentionnant clairement la menace nucléaire nord-coréenne. « Le commandement américain dans le Pacifique a ordonné au groupe aéronaval déployé autour du porte-avions USS Carl Vinson d’être à disposition et présent dans l’ouest du Pacifique, et ce par mesure de précaution », a déclaré son porte-parole, le commandant Dave Benham. Il a précisé que « la menace numéro un dans la région reste la Corée du Nord, en raison de son programme de missiles irresponsable, déstabilisateur et imprudent, et de la poursuite (de ses recherches) en vue de disposer d’armes nucléaires ».

Ce groupe comporte le porte-avions Carl Vinson, de la classe des porte-avions Nimitz, son escadron aérien, deux destroyers lanceurs de missiles et un croiseur lanceur de missiles. Alors qu’il devait initialement aller faire escale en Australie, il a pris la route du Pacifique Ouest depuis Singapour. La Corée du Nord a réalisé cinq tests nucléaires, dont deux en 2016, et les images satellites décortiquées par les experts de « 38 North » suggèrent que le régime de Pyongyang serait en train de préparer un sixième essai.

« Acte d’agression intolérable »

Selon les services de renseignement américains, la Corée du Nord pourrait être à même de disposer d’un missile à tête nucléaire capable de frapper le sol américain d’ici moins de deux ans. Jeudi et vendredi, le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping ont longuement discuté en Floride (Etats-Unis), à Mar-a-Lago, dans la résidence privée du nouvel hôte de la Maison Blanche, et Donald Trump aurait demandé à son visiteur de faire pression sur Kim Jong-Un pour que celui-ci cesse son programme d’armement nucléaire.

Le président américain a cependant d’ores et déjà menacé le régime de Pyongyang d’une action unilatérale, et cette menace paraît encore plus crédible depuis la frappe ordonnée jeudi soir sur la base aérienne syrienne d’où auraient décollé les avions syriens supposés responsables de l’attaque chimique présumée contre le village de Khan Cheikhoun mardi. Samedi la Corée du Nord a d’ailleurs qualifié cette attaque américaine en Syrie d' »acte d’agression intolérable ».

« La réalité d’aujourd’hui montre que nous devons exercer pouvoir contre pouvoir, et cela prouve plus d’un million de fois que notre décision de renforcer notre dissuasion nucléaire a été le bon choix », a ajouté un porte-parole non identifié du ministère nord-coréen des Affaires étrangères, cité par l’agence officielle KCNA. Selon plusieurs analystes, ces frappes américaines en Syrie constituaient en fait aussi un message clair à destination de Pyongyang.

« Seconde frappe »

Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson avait prévenu dès vendredi que les Etats-Unis étaient prêts à « agir seuls » si nécessaire contre la Corée du Nord: « Nous (…) sommes prêts à agir seuls si la Chine n’est pas capable de se coordonner avec nous » pour contrer les ambitions nucléaires de Pyongyang, qui violent le droit international, avait déclaré M. Tillerson, depuis Mar-a-Lago. Les experts jugent qu’une frappe en Corée du Nord pourrait être une bonne stratégie du point de vue militaire, mais préviennent que cela risque de mettre en danger la population civile sud-coréenne.

Pyongyang a tiré mercredi un missile balistique qui s’est abîmé en mer du Japon, à la veille de la première rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping. En février, la Corée du Nord avait tiré simultanément quatre autres missiles, dont trois avaient fini leur course dangereusement près du Japon. Elle avait expliqué qu’il s’agissait d’un exercice en vue d’une attaque contre les bases américaines dans l’archipel.

Fin août 2016, la Corée du Nord avait également tiré depuis un sous-marin un missile qui avait parcouru un demi-millier de kilomètres en direction du Japon, ce qui constituait pour les experts une nette avancée dans les programmes de Pyongyang. Une véritable capacité de missiles stratégiques mer-sol (MSBS) ferait monter d’un cran la menace nucléaire, car Pyongyang pourrait ainsi porter sa dissuasion bien au-delà de la péninsule et disposerait d’une capacité de « seconde frappe » en cas d’attaque. S’ils soulignent les progrès nord-coréens, les experts estiment cependant que la Corée du Nord est encore loin de maîtriser la technologie MSBS.

Le Quotidien/AFP