Des informations inédites sont fournies dans un article volumineux d’Albert Schaack paru dans Hémecht. Revue d’histoire luxembourgeoise n° 1/2017 intitulé «L’Abwehr et l’invasion allemande au Grand-Duché de Luxembourg» (pages 51-110).
Déjà en 1935 existait au Luxembourg une sous-organisation à l’étranger du parti nazi (NSDAP-AO) qui faisait l’objet de rapports de la Sûreté publique; un précurseur de la Gedelit fut fondé en mars 1934. Il a existé temporairement, avant l’invasion, une Luxemburger Volksjugend (LJV), à l’instar des Pays-Bas et de la Belgique (en particulier dans les cantons germanophones), organisée de façon paramilitaire et intégrée dans les préparatifs de guerre. Ces groupuscules dits «bodenständige Organisationen» agissaient sous le contrôle du contre-espionnage allemand (Abwehr) et du commandement du quartier général suprême de la Wehrmacht (OKW). Leur mot de passe pour signaler l’invasion («Friderikus») laisse penser que leur destination était plutôt néerlandophone.
Néanmoins des objectifs purement militaires, comme la protection du tunnel ferroviaire de Manternach, avaient été confiés à un Sonderkommando. La légation allemande s’intéressait de près à l’usine ARBED de Dommeldange. Manifestement, la coordination passait par les voies et institutions diplomatiques du Reich. Le gouvernement grand-ducal avait fait savoir les mois avant l’invasion, que le Luxembourg ne résisterait pas en cas de conflit armé. D’où aussi la passivité des avant-postes français.
Jean Rhein