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Des résidus de glyphosate retrouvés dans les urines de 30 personnalités


Le glyphosate entre dans la composition d'herbicides comme le RoundUp de Monsanto, le plus vendu au monde. (photo AFP)

Des résidus de glyphosate, substance classée « cancérogène probable » par une agence de l’ONU, ont été retrouvés dans les urines d’un échantillon de 30 personnes, dont plusieurs personnalités comme Delphine Batho et Emilie Loizeau, selon l’ONG Générations Futures.

L’association a fait analyser les urines de personnes des deux sexes, âgées de 8 à 60 ans, habitant en ville ou à la campagne, à l’alimentation variable (biologique ou non, végétarienne ou non).

Parmi elles figurent des personnalités comme l’ex-ministre de l’Ecologie Delphine Batho, la chanteuse Emily Loizeau, l’animatrice de radio Charline Vanhoenacker, l’humoriste Alex Visorek.

Le glyphosate entre dans la composition d’herbicides comme le RoundUp de Monsanto, le plus vendu au monde.

« 100 % des échantillons analysés contenaient du glyphosate à une concentration supérieure à la valeur minimale de quantification du test », soit 0,075 ng/ml, indique Générations Futures dans un communiqué.

La concentration moyenne trouvée est de 1,25 ng/ml d’urine. La valeur la plus faible est de 0,09 ng/ml, la plus élevée de 2,89 ng/ml.

« C’est une contamination significative », a estimé le porte-parole de l’association François Veillerette au cours d’une conférence de presse. Il n’existe pas de « valeur corrélée à la toxicité ni de valeur normative ou légale », a-t-il précisé.

Dans la quasi-totalité des cas (29 sur 30), la concentration est supérieure à la concentration maximale admissible pour un pesticide dans l’eau distribuée (0,1 ng/ml).

« Pour nous, on a suffisamment d’éléments pour tirer le signal d’alarme et dire +stop, ce n’est pas normal de tolérer une présence comme ça dans l’environnement et aussi, in fine, dans les organismes de la population+ », a déclaré M. Veillerette.

Générations Futures souhaite que « les autorités européennes prennent conscience de l’urgence à agir et interdisent enfin cette molécule considérée comme probablement cancérogène pour l’homme par le Centre International de Recherche sur le Cancer » (CIRC), une branche de l’Organisation mondiale de la santé.

Emily Loizeau, dont les résultats (2,07 ng/ml) sont dans la fourchette haute du test, a jugé « assez déstabilisant » de n’avoir « aucun élément » sur la suite à leur donner. « Rien ne peut me dire ce qu’il faut que je fasse, si cette fourchette haute est inquiétante. Je n’ai aucun aucun élément puisque aucune étude n’est menée » par les pouvoirs publics, a-t-elle dit.

« Il est aberrant que ce ne soient pas les pouvoirs publics qui fassent ce genre de tests », a estimé Arnaud Apoteker, coordinateur du « tribunal Monsanto », une instance citoyenne informelle qui accuse le géant américain d' »écocide » et de violation des droits de l’Homme.

Le glyphosate a fait l’objet d’une longue bataille autour du renouvellement de sa licence dans l’Union européenne (UE) en 2016. Bruxelles a prolongé temporairement fin juin l’autorisation de la substance, en attendant la publication d’un nouvel avis scientifique au plus tard fin 2017, tout en restreignant ses conditions d’utilisation.

En mars, à la différence du CIRC, les experts de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) ont estimé que le glyphosate ne devait pas être classé comme cancérogène.

Une « initiative citoyenne européenne » (Ice) visant à interdire le glyphosate a recueilli environ 630.000 signatures dans l’UE, dont 52.000 en France, indique par ailleurs Générations Futures, l’une des quelque 60 organisations mobilisées.

Une initiative citoyenne doit recueillir en une année au moins un million de signatures au total dans sept pays de l’UE, avec un nombre minimum dans chaque pays.

La Commission doit réagir dans les trois mois. Elle peut décider de donner suite et déclencher une procédure législative, ou non. Dans tous les cas elle doit motiver sa décision.

Générations Futures doit publier dans quelques mois une étude sur la présence de glyphosate dans les aliments, « principale source d’exposition ».

Le Quotidien / AFP