Luxembourg – À une très large majorité, le conseil communal a validé, hier, la convention qui lie la Ville et le promoteur Codic. Il ne manque plus que l’approbation du ministère de l’Intérieur.
Le chantier devrait commencer l’année prochaine et durer cinq ans. Une année sera nécessaire pour creuser les sept niveaux de sous-sol. (Photo : codic)
C’est avec un soulagement non feint que Lydie Polfer a introduit le vote décisif par lequel la Ville a donné son blanc-seing à la construction de ce nouveau quartier en plein centre. « Je ne vais pas vous refaire l’historique du projet, ce n’est pas la première fois que l’on en parle ici et tout le monde connaît les péripéties liées au recours… Mais maintenant, c’est du passé ! », a déclaré la bourgmestre.
Le prélude au vote a permis aux conseillers de poser quelques questions sur le sujet, et force est de constater que tout le monde n’a pas le dossier bien en tête. Ainsi, il a été question du statut de la future place qui se tiendra devant la Poste. « Sera-t-elle un espace privé ou public ? », s’interroge Maurice Bauer (CSV), alors que Guy Foetz (déi Lénk) voit tout le projet comme « une privatisation de l’espace public ».
> Une manne de 102 millions d’euros
Thierry Behiels, le CEO de Codic, avait déjà expliqué le 18 novembre, alors qu’il s’était rendu dans la capitale pour discuter de la convention, que la place serait rétrocédée à la Ville à la fin des travaux. « Ce n’était pas négociable, insiste Lydie Polfer. Mais puisqu’ils vont creuser sept sous-sols pour le parking, il leur fallait bien le terrain pendant les travaux ».
La bourgmestre a d’ailleurs approuvé une remarque de Claudine Als (DP) proposant d’intégrer cette place dans les festivités organisées par la Ville (Summer in the City, marché de Noël…) : « C’est une très bonne idée, d’autant qu’entre le bus et le tram, elle sera très bien desservie et deviendra un lieu de rencontre essentiel ».
Guy Foetz a ajouté que déi Lénk ne pourrait pas voter une convention qui célèbrera « un temple de la consommation et de bureaux qui ne fera qu’accroître la gentrification (NDLR : l’arrivée d’une classe aisée dans des quartiers historiquement plus populaires) ».
Marc Angel (LSAP) a regretté que la grande ellipse sur l’Horeca Sky, le toit du department store qui deviendra un café-restaurant, ait disparu. « C’était nécessaire pour instaurer les 10 % d’espaces verts requis », a rappelé Lydie Polfer.
Tom Krieps (LSAP) a posé une remarque intéressante sur la durée de l’emphytéose (75 ans) : « C’est long et je ne vois aucune partie dans la convention qui traite de l’entretien des bâtiments. Lorsque l’on voit dans quel état sont les bâtiments sur le boulevard Royal et qu’ils sont loin d’être aussi âgés, on peut se poser des questions… »
D’autres déclarations ont été plus positives. Claudine Als a loué l’avènement du Royal-Hamilius, car « il permettra de rétablir un équilibre commercial entre la périphérie et le centre-ville ».
Lydie Polfer, elle, s’est vantée du fait que les dirigeants de Codic avaient déclaré qu' »ils n’avaient jamais travaillé avec des personnes aussi compétentes que nous ». Un peu de pommade, ça ne fait pas de mal.
Elle s’est aussi félicitée de la manne financière que constituait cette convention pour la Ville, à savoir « 102 millions d’euros en tout, dont 40,9 d’entrée puis une rente annuelle de 818 000 euros annuels, soumis à une indexation ».
La convention a finalement été approuvée par la majorité (DP/déi gréng), le LSAP et le CSV. Les deux conseillers déi Lénk ont voté contre, la conseillère ADR s’est abstenue.
De notre journaliste Erwan Nonet