La crise en Syrie et en Irak a donné lieu à « la pire crise humanitaire de notre ère » selon l’ONU.
Une réfugiée devant la Cour nationale du droit d’asile, à Montreuil, en 2013. (Photo : DR)
Les demandes d’asile dans les pays riches ont bondi de 45% en 2014, portées par les conflits en Syrie et en Irak, avoisinant le record enregistré au début de la guerre en Bosnie-Herzégovine, selon les chiffres publiés jeudi par l’ONU. La situation dans ces deux pays a donné lieu à «la pire crise humanitaire de notre ère», a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Melissa Fleming, en conférence de presse.
Au total, 866 000 demandes d’asile ont été déposées l’an dernier dans 44 pays industrialisés, soit 45% de plus qu’en 2013. Elles atteignent ainsi presque le niveau record enregistré en 1992 au début de la guerre en Bosnie-Herzégovine (avec alors environ 900 000 demandes d’asile).
L’an dernier, 60% des demandeurs d’asile ont été enregistrés dans seulement cinq pays: Allemagne (173 100 demandes), Etats-Unis (121 200), Turquie (87 800), Suède (75 100) et Italie (63 700). Pour des questions méthodologiques, les statistiques turques ne prennent pas en compte les Syriens qui arrivent en Turquie car ils y obtiennent automatiquement un accueil provisoire dit « de groupe ».
En quatre années de guerre, plus de 215.000 personnes ont été tuées en Syrie, 11,4 millions ont fui leur domicile. Et aucune amélioration ne se dessine, bien au contraire. Chaque jour apporte son lot d’abominations, commises notamment par le groupe jihadiste Etat islamique (EI). En 2014, les Syriens sont restés les demandeurs d’asile les plus nombreux, avec plus de 149 600 demandes (+166%). Et la tendance ne devrait pas s’inverser, souligne le HCR.
Nombre des 3,9 millions de réfugiés syriens installés dans les pays voisins, voyant que le conflit dans leur pays est loin de prendre fin, se décident désormais à venir en Europe pour offrir un meilleur avenir à leurs enfants. « C’est une nouvelle tendance », a averti Melissa Fleming, appelant les pays européens à plus de générosité comme ils avaient su le faire pendant la guerre des Balkans dans les années 1990.
> La France n’est plus dans les 5 premières destinations
Les personnes fuyant les combats et les exactions en Irak, en proie depuis plusieurs mois à de nouvelles violences et à une offensive jihadiste, ont été 68 700 à demander l’asile l’an dernier (+84). Viennent ensuite les demandes déposées par les personnes qui fuient l’Afghanistan (59.500, +65%), la Serbie et le Kosovo (55.700, +61%) et l’Erythrée (48.400, +117%), selon le HCR.
Hausse de 95% en Europe du Sud
En 2014, les 28 pays membres de l’Union européenne ont enregistré une hausse de 44% (570.800 demandes). Le fardeau le plus lourd à cet égard a été porté par l’Europe du Sud (+95%), en particulier en Turquie et en Italie. En proportion de la population de chaque pays, les taux les plus élevés de demandeurs ont été enregistrés en Suède, avec 24,4 demandeurs pour 1.000 habitants, à Malte, au Luxembourg et en Suisse.
Pour la première fois depuis l’an 2000, la France ne figure pas parmi les cinq premiers pays de destination. La France est en effet un des rares pays industrialisés où les demandes ont fléchi l’an dernier (-2%, avec 59.000 demandes). Cette baisse relative s’explique par la diminution des applications déposées par les Serbes, Kosovars et Albanais, indique le HCR dans son rapport. Aux Etats-Unis, où les Mexicains ont été les plus nombreux à déposer une requête, ces dernières ont quant à elles progressé de 44%. Les demandeurs d’asile dans les pays industrialisés ne représentent toutefois qu’une petite partie des personnes obligées de fuir leur foyer en raison des guerres, violences et conflits. 85% des réfugiés vivent ainsi dans un pays en développement, a indiqué Mme Fleming.
AFP