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La sinistrose guette

Nous ne sommes qu’au mois de mars et pourtant les Français, déjà d’habitude peu enclins à l’optimisme, auront bien du mal à ne pas sombrer dans la sinistrose.

Il faut dire que pour le moment 2015 n’a pas épargné l’Hexagone. Après les attaques meurtrières du mois de janvier, la disparition des sportifs en Argentine et maintenant le crash de l’avion de Germanwings dans les Alpes, on en oublierait le chômage qui reste au plus haut et un Front National qui jubile avec 25% des voix récoltées aux dernières élections départementales. On en serait presque à acquiescer quand Zlatan Ibrahimovic décrit la France comme « un pays de merde » dans un élan de colère.

Sans aller si loin, si les tragédies ont tendance à rapprocher les peuples, les élans des manifestations post-7 janvier ont été admirables, malheureusement l’effet retombe assez rapidement comme un soufflé. La polémique enflait déjà hier entre plusieurs députés toujours à la recherche de la petite phrase dont les médias français sont si friands.

C’est à peine les yeux séchés par la catastrophe des deux hélicoptères en Argentine que le crash de l’avion de Germanwings a envahi les écrans hier. Difficile de rester de marbre face aux photos des restes de l’appareil réduit en confettis sur les pans de la montagne. Très vite l’espoir de retrouver des victimes vivantes a été anéanti. Alors que certains prennent l’avion comme ils prennent le bus, ce nouvel accident rappelle à la dure réalité du risque des transports, quels qu’ils soient.

Si il est encore trop tôt pour certifier qu’il s’agit d’un accident, le résultat est le même pour les familles de victimes, dont une classe entière de collégiens allemands, qui ont un perdu un proche. Si la France en tant que tel n’a rien à voir dans cette tragédie, un heureux événement dans l’Hexagone ne serait vraiment pas de refus.

Alors rendez-vous dimanche pour que les Français relèvent la tête et voient enfin la vie du bon côté lorsqu’ils glisseront leur bulletin dans l’urne. Il serait temps, non ?

Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)