La 106e édition de Milan-San Remo, gagnée dimanche par l’Allemand John Degenkolb, a marqué la montée en puissance de la jeune génération. Retour en trois points.
John Degenkolb fait partie des jeunes coureurs appelés à se faire un gros palmarès ces prochaines années. (Photo : AFP)
> Une nouvelle approche
Les trois premiers de la Via Roma, aussi bien John Degenkolb que ses deux suivants, le Norvégien Alexander Kristoff et l’Australien Michael Matthews, sont passés par Paris-Nice la semaine précédente. Comme les autres derniers lauréats de San Remo (Goss en 2011, Gerrans en 2012, Kristoff en 2014), l’exception restant la mémorable édition de 2013 tronçonnée en deux parties à cause de la neige (victoire de Ciolek).
Par rapport à Tirreno-Adriatico, son homologue italienne, Paris-Nice qui se termine une semaine avant la Primavera présente l’avantage d’offrir deux jours supplémentaires de récupération. Le détail semble faire la différence à une époque où la mise en place du passeport biologique a sensiblement changé la donne. Le constat se double d’une autre évidence : à la différence d’autres sprinters, les trois coureurs présents sur le podium de San Remo ont terminé Paris-Nice. Quitte à souffrir sous la pluie, à la veille de l’arrivée, dans les cols de l’arrière-pays azuréen.
> Degenkolb façon Zabel
Degenkolb, fils d’un bon coureur amateur, est né lui aussi dans l’ex-RDA, quelques mois avant la chute du mur de Berlin. À Gera, la ville de la légende est-allemande Olaf Ludwig. Il a été formé à Erfurt, le club par lequel sont passés aussi d’autres talents du cyclisme allemand (Greipel, T. Martin, Kittel). Comme Zabel quand il luttait pour le maillot vert du Tour, l’ex-policier se situe légèrement en retrait des sprinters les plus rapides sur le plat.
Son registre préféré ? Les arrivées en faux plat et surtout les courses dures, les classiques. «J’ai le moteur pour ça», avance-t-il en citant les deux « monuments » qui le font rêver, Milan-San Remo et Paris-Roubaix. Si Zabel a gagné quatre fois à San Remo entre 1997 et 2001, il ne s’est jamais imposé à Roubaix. Degenkolb, lui, a déjà pris ses marques dans « l’Enfer du Nord » (2e en 2014). Mais ses qualités le prédisposent aussi à rivaliser, à moyen terme, dans le Tour des Flandres pour peu qu’il en apprenne les détails et les subtilités.
> La nouvelle vague
Le podium du Championnat du monde espoirs 2010 a annoncé celui de la Via Roma. À Geelong, dans la lointaine Australie, Matthews avait devancé Degenkolb au sprint dans une course que le champion de France Arnaud Démare, devancé à la photo-finish pour la médaille de bronze, avait terminé à la quatrième place. Quatre ans et demi plus tard, la vague des coureurs nés en 1989 et 1990 arrive au pouvoir. Elle rivalise avec la génération intermédiaire (Kristoff a 27 ans) et menace de précipiter la fin de carrière des anciens, symbolisée par le Suisse Fabian Cancellara et le Belge Tom Boonen. Le Suisse a perdu de sa superbe et le Belge est actuellement blessé.
Cancellara, seul trentenaire dans les dix premiers à San Remo (7e), a été bouté hors du podium pour la première fois depuis 2011. Pour «Spartacus», qui est âgé de 34 ans, le prochain grand rendez-vous est fixé au 5 avril, pour le Tour des Flandres. Là où l’expérience, la connaissance du terrain, sont déterminantes.
AFP