Le Cercle Cité a ouvert, jeudi, sa nouvelle exposition collective : «Salzburg – Luxemburg IV». Une quatrième édition qui présente les différents procédés pour produire des images.
Après Petra Buchegger, Marco Godinho, Sophie Jung, Vera Kox, Lavinia Lanner et Sarah Pichlkostner en 2015, c’est au tour des Autrichiennes Julia Rohn et Antoinette Zwirchmayr et des Grand-Ducaux Eric Chenal, M+M et le duo David Brognon & Stéphanie Rollin de présenter leurs œuvres dans le cadre de la nouvelle édition de l’exposition collective «Salzburg – Luxemburg».
Tout est né d’une rencontre. À Salzbourg. Entre Dietgard Grimmer, responsable de Kunst im Traklhaus, la galerie du land de Salzbourg, et Lucien Kayser, professeur, écrivain et critique d’art grand-ducal. Passionnés d’art, ils décident, ensemble, de prolonger cette idée de rencontre et d’échange avec une exposition commune d’artistes autrichiens et grand-ducaux à Salzbourg et à Luxembourg.
Une première édition s’est tenue en 2002, tour à tour à la Traklhaus et, chez nous, au Konschthaus Beim Engel. Il faudra attendre 2011 pour voir la deuxième édition prendre place, à Luxembourg, à l’agence de la Banque générale du boulevard Royal. Et le rythme semble, depuis, s’accélérer avec une troisième exposition en 2015, au Cercle Cité, et désormais une quatrième édition qui s’est ouverte jeudi, pour son pendant grand-ducal, une nouvelle fois au Ratskeller du Cercle de la capitale.
Une quatrième édition – organisée pour la première fois de manière concomitante dans les deux villes participantes – pour laquelle les deux commissaires ont fait appel aux artistes autrichiennes Julia Rohn et Antoinette Zwirchmayr, au Luxembourgeois Eric Chenal et à deux couples d’artistes grand-ducaux : David Brognon et Stéphanie Rollin ainsi que M+M (Marc Weis et Martin de Mattia).
Photos, vidéos, films
Si par le passé le projet a présenté tableaux, dessins ou sculptures, l’exposition met cette année clairement l’accent sur la photo, le film et la vidéo. Autrement dit, selon le curateur luxembourgeois, «tous les moyens et procédés traditionnels pour produire des images».
Ainsi, le visiteur peut découvrir 26 œuvres au total : allant de la simple mais colorée installation de produits ménagers autour d’une des colonnes de l’espace d’exposition du Cercle à des vidéos ou encore de la projection d’un film 16 mm avec «ronronnement» de caméra inclus, à des photos et autres procédés de «print». Bref, l’image dans tous ses états!
Et s’il est beaucoup question de noir et blanc ou de moins de couleurs peu éclatantes, Julia Rohr, elle, aime la couleur vive. Même celle de torchons jetables que tout un chacun possède dans sa cuisine ou sa buanderie, mais à qui l’artiste donne des lettres de noblesse en les posant négligemment autour d’une des colonnes du Ratskeller ou encore en les prenant comme matériau de départ pour en tirer un tableau de grande taille (photo). Et la jeune femme sait également se mettre en scène. La preuve avec la vidéo Desperately Trying to Be Antique dans laquelle elle prend la pose dans la campagne romaine, drapée d’adhésif simili-marbre, et recrée non sans humour ni dérision des postures de sculptures antiques.
Celle qui remet au goût du jour le petit bruit de la projection ciné à l’ancienne, c’est Antoinette Zwirchmayr. Elle aussi propose trois œuvres. Une étonnante sculpture qu’on pourrait confondre avec une feuille, mais réalisée en fait de peau humaine. Le film contemplatif Venus Delta interroge lui avec des images oniriques les forces masculine et féminine, tandis que le triptyque photo Mutter, liebe Mutter, avec son flou, sa voilure et l’ordre clair du placement de chacun de ces trois clichés, rappelle aussi bien un retable religieux qu’un décor de théâtre.
Eric Chenal, tout comme le duo Brognon-Rollin, propose des séries photographiques. Le premier accroche un ensemble de cinq clichés pouvant tout aussi bien être regardés séparément mais qui semblent s’enrichir les uns les autres et proposer un cheminement commun, entre concret et abstrait, ombre et lumière, mystère et spirituel. Le duo Brognon-Rollin, eux, s’intéresse encore une fois à la représentation du temps et de l’espace à travers trois séries de trois images tirées de leurs films tournés, l’un en Palestine, l’autre dans une prison française, le dernier en Californie. Ainsi les épines des cactus palestiniens font face à ces mystérieuses pierres qui bougent seules, avec, entre les deux, ces prisonniers qui tournent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
Enfin, M+M offre deux (dé)compositions surprenantes de deux petits courts métrages dont on aurait détricoté les rushs, montés à plat les uns à la suite ou à côté des autres, pour en faire un grand tableau. Une image qu’on pourrait, de loin, confondre avec un QR Code avec, juste, des inscriptions en grand dessus mais une image qui révèle, en s’approchant, deux petits scénarios tirés de phrases humoristiques allemandes – d’où le titre Witz – en lien avec le texte imprimé.
Une exposition que le visiteur peut compléter, soit en faisant rapidement un saut à Salzbourg, pour découvrir son pendant autrichien, soit en achetant les livrets d’artistes parus à l’occasion de cette «Salzburg Luxembourg IV».
Pablo Chimienti
Cercle Cité – Luxembourg.
Jusqu’au 16 avril.