Le parti croit plus que jamais en ses chances, lorsqu’il évoque les législatives de l’année prochaine. Son président, Jean Schoos, a été reconduit pour mener à bien cette mission.
L’ADR a tenu, dimanche, son congrès national dans la localité de Schoos. Un clin d’œil envers son président qui entame son troisième mandat.
Le médecin-vétérinaire président de l’ADR, Jean Schoos, n’a pas déjoué les pronostics. En effet, il a été reconduit dans ses fonctions par un vote sans appel de ses pairs : 91 voix en sa faveur, 4 suffrages en sa défaveur et une abstention. Aux commandes du parti pour un troisième mandat, Jean Schoos a largement balisé les thématiques politiques du moment, en égratignant inévitablement le gouvernement au pouvoir. «Il s’agira de mon dernier mandat», a-t-il simplement déclaré, avant de s’en prendre aux projections d’un Luxembourg à 1,1 million d’habitants. «Cette image est mise en avant par la coalition au pouvoir dans le seul but de financer le système de pensions sans que le fonctionnement même de l’État ne soit révisé», a-t-il lancé en premier lieu. Puis il s’en est pris pêle-mêle au chômage, aux inégalités sociales ou encore à la protection de l’environnement. «Concernant l’emploi, il faut absolument repenser le système», a notamment souligné le président de l’ADR. Au sujet des ressources naturelles du pays, Jean Schoos a appelé à la protection de l’environnement et à la protection «de nos richesses». Un plaidoyer typique pour le parti conservateur que l’ADR revendique de représenter, en somme.
Confirmation du côté du secrétaire général, Alex Penning, qui s’est plu à rappeler le résultat du référendum de 2015. «Les 80 % de suffrages contre l’octroi du droit de vote aux non-Luxembourgeois dans le contexte d’élections législatives est clair comme de l’eau de roche», a souligné ce dernier, ajoutant avec cynisme que ce plébiscite s’était manifesté «de manière élégante».
Fonds de commerce statique
Faisant la part belle aux idées nationalistes, l’ADR a évidemment insisté sur le devoir d’apprentissage, pour les étrangers, de la langue de Michel Rodange. Tout comme la loi sur la nationalité qui a inévitablement été commentée. Bref, le fonds de commerce de l’ADR reste intact, de surcroît quand il s’en prend à l’immigration et au devoir d’intégration des étrangers. Rien de bien neuf, en effet, pour ce parti qui rêve sans doute de surfer sur la vague de Marine Le Pen, sans vouloir l’avouer ouvertement. Mais c’est tout comme et le conservatisme affiché du parti devient franchement ennuyeux au fil des échéances électorales. Parce qu’avec trois députés au Parlement, l’ADR ne peut prétendre à mieux et le ton bien souvent agressif de la rhétorique de ses ténors est plus que jamais obsolète. Et si ce n’est certainement pas la soixantaine de ses membres présents hier matin qui le clameront, le parti semble pourtant véritablement s’essouffler. À l’image de son président qui rempile pour un troisième mandat, ou bien à l’instar de son indéboulonnable parlementaire, Gast Gibéryen, qui a fait savoir que s’il était réélu, ce serait bien la dernière fois.
Cela étant, l’ADR affirme y croire plus que jamais et estime pouvoir se positionner de manière confortable sur l’échiquier politique en vue des élections législatives de 2018. Si l’espoir fait vivre, la rhétorique, elle, est parfois limite. Mais cela, les électeurs y sont habitués et ce n’est pas la radiation de Joe Thein (lire encadré) qui changera l’image véhiculée par le parti. «Le Luxembourg aux luxembourgeois», pour synthétiser les arguments d’un ADR plus que jamais fermé aux autres cultures. Pour un Luxembourg multiculturel, tolérant et ouvert d’esprit, il faudra évidemment cocher une autre liste, en 2018.
Claude Damiani