Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Vite, il y a urgence, foncez acheter des paquets d’antidépresseurs, mettez-vous au yoga, écoutez Happy en boucle ou allez vous détendre à Amsterdam, mais faites quelque chose, bon sang !
Déjà qu’on a le boulet LuxLeaks, alors si en plus le monde apprend que les Luxembourgeois sont plus malheureux que les Grecs, les Serbes ou les Haïtiens, notre réputation est foutue !
Notre gouvernement fait son possible pour le cacher, mais vous aurez remarqué qu’étouffer les sales affaires n’est pas son fort… Donc, ne le répétez pas : aux dernières nouvelles, le G.-D., qui signifie désormais « Grande Déprime », se situe au 138e rang mondial dans le rapport du HPI.
Le HPI, c’est le Happy Planet Index, ou indice de planète heureuse. Il mesure la capacité des pays à prodiguer « des vies longues, heureuses et soutenables » à leur population. Il a été créé en 2006 par la New Economics Fondation, qui milite pour « la justice économique, sociale et environnementale ». Car, ô miracle, ce think tank britannique a en effet trouvé plus précieux que la pierre philosophale : la formule du bonheur.
Pour l’obtenir, c’est tout simple : prenez le « bien-être ressenti » des gens (un sondage où 0 représente le pire de la vie et 10 la meilleure vie possible), multipliez-le par l’espérance de vie et divisez le tout par l’empreinte écologique (calculée par le WWF et qui détermine la quantité de terre nécessaire pour maintenir les habitudes de consommation d’un pays). Pour le Luxembourg, vous obtenez ainsi le score honteux de 29, à cheval entre la Guinée (30) et la Sierra Leone (28,8).
La Palestine, par exemple (HPI de 51,2, 30e rang mondial), nage dans le bonheur soutenable ! Les chiffres ne trompent pas : selon le HPI, l’espérance de vie n’y est que de 8 ans de moins qu’au Luxembourg, le bien-être ressenti est de 4,8 sur 10, et les Palestiniens ont la sagesse de ne consommer que 1,4 « hectare global par habitant », contre 10,7 pour les Luxembourgeois.
Bref, pour ceux qui ne veulent pas se résoudre à faire des efforts, suivez mon conseil : fuyez en Palestine.
De notre journaliste Romain Van Dyck