En plein débat sur la revalorisation du luxembourgeois, la semaine de la francophonie permet de (se) poser la question de la place du français au Grand-Duché. Le Luxembourg est-il en train de perdre son latin ?
Comment se décline la semaine de la francophonie au Luxembourg ?
Christelle CREFF, directrice de l’Institut français du Luxembourg : On souhaite s’adresser en priorité à la jeunesse luxembourgeoise ou résidant au Grand-Duché en travaillant sur l’aspect vivant. Pour cela, nous proposons des ateliers de slam animés par de jeunes slameurs qui favorisent l’oralité, la prise de parole et ainsi montrer que la langue française n’est pas que littérature. Dans ce même esprit, nous avons aussi organisé une rencontre avec un auteur lorrain, Sophie Cherer ainsi qu’une projection d’un film de François Ozon suivie d’une soirée consacrée à la francophonie en partenariat avec l’université de Luxembourg.
Y a-t-il une urgence à sensibiliser les jeunes luxembourgeois à la langue et à la culture française ?
Ce qu’il faut bien comprendre c’est que l’apprentissage du français est difficile pour un Luxembourgeois et ce que ça représente de maîtriser trois langues. Bien sûr il y a des apprentissages à faire qui ne sont pas évidents mais l’important est de montrer que c’est une langue qui se parle. On fait le constat que c’est compliqué mais c’est aussi à nous de trouver les bons outils, les bonnes voies. Tout cela questionne beaucoup le gouvernement luxembourgeois qui a déjà pris des mesures pour introduire le français dans les petites classes. Beaucoup de professeurs sont volontaires pour faire progresser leurs élèves et leur donner envie de pratiquer.
«Un profond attachement»
Dans un contexte de discussion pour une revalorisation du luxembourgeois, le français pourrait-il, selon vous, perdre son statut de langue officielle ?
Je ne le crois pas mais je resterais assez prudente dans ma réponse. Le luxembourgeois est la langue parlée par tous, je ne dirais pas qu’il est une menace, je ne le vis d’ailleurs pas comme une concurrence. Pour ma part, je travaille avec des personnes qui veulent continuer à maintenir le français vivace au Luxembourg.
Peut-on parler d’enracinement profond du français au Grand-Duché ?
Je crois qu’il y a un profond attachement à notre langue. C’est une langue de travail certes, mais je constate qu’il y a des attentes au niveau culturel, des sollicitations de la part des institutions et des associations. Nous sommes dans une coopération approfondie avec les institutions.
Catherine Roeder (Le Républicain Lorrain)