Onze candidats disputeront le premier tour de l’élection présidentielle le 23 avril, a annoncé samedi le Conseil constitutionnel après validation de la liste complète des parrainages.
Trois candidats – Philippe Poutou, Jean Lassalle et Jacques Cheminade – se sont qualifiés in extremis et rejoignent sur la liste les huit premiers à avoir franchi le cap des 500 signatures: François Fillon, Benoît Hamon, Emmanuel Macron, Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Luc Mélenchon, Nathalie Arthaud, Marine Le Pen et François Asselineau.
Vendredi à 18h00, s’est achevée la course aux parrainages et en même temps la période de dépôt des candidatures. Les dossiers des onze candidats – il étaient dix en 2012 – ont été validés, la répartition des «parrains» respectant des critères de diversité géographique. Ces parrainages sont complétés par une déclaration de candidature ainsi qu’une déclaration de patrimoine.
Parmi un vivier d’environ 42 000 élus, 14 586 ont apporté leur signature à un candidat, dont 14.296 ont finalement été validés, a annoncé à la presse le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius.
La surprise Asselineau
Le candidat de droite François Fillon a obtenu 3 635 signatures, profitant malgré ses démêlés judiciaires du solide réseau de soutien des Républicains.
Derrière venaient le socialiste Benoît Hamon (2 039), l’ex-ministre de l’Economie Emmanuel Macron (1 829), le candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon (805), le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (707), Nathalie Arthaud pour Lutte ouvrière (637) et la présidente du Front national Marine Le Pen (627).
Invité surprise de cette élection, François Asselineau s’était déjà qualifié grâce à une campagne menée tambour battant par voie d’affiches et via les réseaux sociaux. Souverainiste et europhobe, il obtient cette fois 587 parrainages, après avoir tenté sa chance en vain en 2012.
A l’époque, «l’idée même de sortir de l’Union européenne paraissait farfelue, extrémiste». «Cinq ans plus tard, la crise de l’euro avec la Grèce, le Brexit, ont donné raison à ce que je dis depuis neuf ans», témoignait-il.
Incertains jusqu’au bout
Trois autres se sont finalement qualifiés sur le fil, à l’issue d’une difficile campagne de terrain, souvent auprès de maires de petites communes rurales: Jacques Cheminade, un vétéran de la politique déjà candidat en 1995 et 2012 avec un résultat symbolique, Jean Lassalle, député centriste non-inscrit des Pyrénées-Atlantiques et Philippe Poutou, qui porte le flambeau du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA). Cet ouvrier de l’usine Ford de Blanquefort, en Gironde, qui avait recueilli 1,15% des voix en 2012, a crié victoire vendredi, à quelques minutes seulement de l’heure limite, et totalisé finalement 573 parrainages.
Jean Lassalle, lui aussi incertain jusqu’au bout, a fait mieux et rassemblé 708 parrainages. «Je me suis tapé tous les déserts, je viens de sortir de celui de Sibérie. Ca a été très difficile», racontait samedi matin le candidat à la voix rocailleuse et au fort accent du sud-ouest. En 2014, il avait effectué un tour de France à pied pour rencontrer les Français.
Quant à Jacques Cheminade, il dépasse de justesse le seuil légal, avec 528 signatures. Pour la première fois, la liste des parrains est publiée intégralement, un manque de confidentialité vu d’un mauvais oeil par les «petits» candidats qui n’ont cessé de dénoncer des «pressions» exercées sur les maires ruraux par les grands partis. Parmi ceux qui ont raté leur pari, l’ancienne ministre Rama Yade n’atteint que 353 signatures. D’autres ont reçu des soutiens sans même être candidat: Alain Juppé, un moment envisagé comme recours à droite si François Fillon renonçait, a suscité 313 parrainages et François Baroin 45.
Dans cette élection décidément atypique, certains parrainages témoignaient de l’éclatement des forces politiques: Emmanuel Macron, revendiqué «ni de gauche, ni de droite», donné gagnant au second tour par les sondages, a ainsi obtenu un peu moins de la moitié de ses signatures à gauche, environ 11% au centre, 16% à droite et un peu moins d’un quart auprès d’élus «divers» ou sans étiquette.
Le Quotidien/AFP