Large victoire, mais pas écrasante : Noël Le Graët, président de la Fédération française de football (FFF) depuis 2011, a été reconduit pour un mandat de quatre ans en battant son ex-allié Jacques Rousselot, 57,4% à 41,9%, samedi lors de l’assemblée élective à Paris.
Les deux autres candidats, Eric Thomas (président de l’Association française du football amateur) et l’ancien éducateur David Donadei, ont recueilli respectivement 0,5% et 0% des voix de la part des 214 grands électeurs présents (représentants du monde amateur et des clubs professionnels, avec votes pondérés).
Le Graët reste donc le patron du foot hexagonal, malgré la dissidence Rousselot. A 67 ans, le président de Nancy, membre du Comex sortant, avait fait acte de candidature après la «trahison» de son ex-allié, qui lui aurait promis de passer le témoin avant de décider en novembre de postuler à sa propre succession.
«NLG» avait annoncé publiquement en mai 2014 qu’il était en train d’honorer son «dernier mandat». Ce ne sera finalement pas le cas, grâce notamment à un bilan largement salué. Depuis son arrivée à la tête de la Fédération en 2011, en terrassant le sortant Fernand Duchaussoy à la surprise générale, le Breton a en effet gagné pas mal de matches.
Bilan solide
La victoire la plus éclatante est liée à l’équipe de France, qui a redoré son blason, entre résultats sportifs probants (quart de finale au Mondial-2014, finale à l’Euro-2016) et image restaurée, sous l’effet d’un ticket gagnant formé avec Didier Deschamps. Hormis les Espoirs, les sélections de jeunes ont brillé, avec une flopée de titres ces dernières années dans plusieurs catégories d’âge, masculines et féminines.
Le foot français a poursuivi sa féminisation (plus 200.000 licenciées en quatre ans) et les comptes de la FFF sont repassés dans le vert, grâce notamment aux juteux contrats passés avec l’équipementier Nike et dont «NLG» est le grand artisan (42 millions d’euros annuels pour la FFF sur 2010-2018, puis 50,5 M EUR annuels sur 2018-2026).
Du coup, le seul angle d’attaque retenu par Rousselot se focalisait sur la personnalité jugée «autoritaire» du président sortant. Un leadership que ce dernier assume, parfois sans diplomatie, et qui est vu comme du «charisme» par son nouvel allié, Jean-Michel Aulas. Ce dernier représentait justement le point à double tranchant sur lequel s’adossait la nouvelle candidature siglée «NLG»: l’influent mais clivant patron de l’OL allait-il agir comme un attrait ou un repoussoir, notamment auprès du monde amateur ? Le Breton a gagné son pari lyonnais.
Aulas à la formation
L’ex-président de Guingamp (1972-1991 et 2002-2011), qui a déjà ébauché une solide relation de confiance avec Deschamps, a ainsi attiré auprès de lui un autre personnage puissant du foot français, qui sera dorénavant chargé du centre technique de Clairefontaine et de la réorganisation d’ici juin de la Direction technique nationale (DTN).
C’est le point saillant du programme, qui se donne le «devoir de consolider les réussites du mandat qui s’achève». Il faut dire qu’Aulas a des états de service sur le plan de la formation, puisque l’OL est un grand producteur d’internationaux (Giuly, Govou, Benzema, Lacazette, Fekir, Umtiti etc., et l’ossature de l’équipe de France féminine).
La nouvelle équipe présidentielle compte également Laura Georges, joueuse encore en activité au PSG et chez les Bleues et qui cumulera désormais avec le poste de secrétaire générale de la FFF; le président de Strasbourg (L2) Marc Keller, ancien pro qui devient manager des équipes de France juvéniles; ou encore Brigitte Henriques, ex-secrétaire générale promue vice-présidente déléguée.
L’AG élective a été marquée par les discours vigoureux des petits candidats. «Tout le monde passe la brosse à reluire et la vaseline et au final, tout le monde se tire dessus», a attaqué David Donadei, dénonçant une «campagne pipée». Il a de nouveau vanté le «bilan parfait» de Noël Le Graët et dénoncé «certains colistiers» de Jacques Rousselot «qui sont très dangereux pour le foot», s’attirant des sifflets de la salle.
Eric Thomas, lui, a stigmatisé le «bilan calamiteux» du président sortant et son «exercice du pouvoir solitaire».
Le Quotidien/AFP