Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi à Madrid lors de « marches pour la dignité » pour dénoncer les effets de l’austérité, à la veille d’élections régionales en Andalousie qui font figure de test face à la vague de mécontentement.
Manifestation contre l’austérité à Madrid, le 21 mars 2015 (Photo : AFP)
« Pain, travail, toit et dignité », lisait-on sur une grande banderole tenue par des manifestants en tête d’une des marches. Les manifestants quelques dizaines de milliers selon une estimation de l’AFP dénonçaient les effets des politiques d’austérité qui ont entraîné des coupes claires en matière d’éducation, de santé publique ou encore d’aides sociales, à hauteur de près de 150 milliards d’euros entre 2012 et 2014.
Ils ont conflué, en provenance de différents points de Madrid, vers la place de Colon dans le centre à 17h00 GMT (18h00), et la manifestation s’est dispersée vers 20H00 GMT dans le calme, hormis quelques petits groupes qui ont vandalisé du mobilier urbain dans le centre historique. Dix-sept personnes ont été interpellées pour des désordres, conteneurs brûlés ou jets de pétards, selon la police qui n’a fait état d’aucun blessé.
Les premières grandes « marches pour la dignité », venant de toute l’Espagne, ont eu lieu le 22 mars 2014 à Madrid.
Ces « neuf colonnes » rassemblent des Espagnols venus de tout le pays, qui a renoué avec la croissance (+1,4% en 2014) après six ans de crise mais reste meurtri, avec un taux de chômage de 23,7% et la moitié des jeunes de 16 à 25 ans sans emploi. Certains sont arrivés à pied, avoir marché plusieurs jours.
> « Dans la vie, je lutte et je travaille »
D’autres en bus, comme Antonio Colmenar, venu de Séville, capitale de l’Andalousie (sud), la région la plus peuplée d’Espagne et bastion du Parti socialiste, où des élections régionales anticipées sont organisées dimanche. « Je suis venu avec la colonne d’Andalousie. Cinq bus, avec 55 personnes. C’est une journée pour revendiquer nos droits », a expliqué ce militant de 41 ans, membre d’une association de lutte contre les expulsions.
« Je vais voter Ciudadanos ou Podemos », a-t-il dit, évoquant les deux partis du centre droit et d’extrême gauche qui menacent le bipartisme en place en Espagne depuis plus de trente ans. Dans la foule des marcheurs ondoyaient des drapeaux républicains (rouge-jaune-mauve), de l’Andalousie (vert et blanc), de syndicats, de partis de gauche, ou encore du Chili, avec une image du révolutionnaire Che Guevara.
Pilar Garcia Dorado, 54 ans, arborait elle un drapeau républicain et un autocollant de Podemos. « Dans la vie, je lutte et je travaille », a résumé cette commerciale qui vit près de Tolède, ajoutant : « J’espère que le changement va commencer dans ce pays » dirigé par le Parti populaire (droite) depuis fin 2011.
« La lutte continue, coûte que coûte », scandaient les manifestants, avant de dénoncer les « banquiers et propriétaires terriens ». En 2014, la marche s’était achevée par des affrontements entre policiers et manifestants faisant plusieurs dizaines de blessés légers dans les deux camps. Samedi les forces de l’ordre gardaient en nombre les succursales de grandes banques situées place de Colon.
AFP