Au menu de la quatrième journée du procès de l’accident du travail mortel survenu en 2010 à Alzingen, figurait, vendredi, le passage à la barre des quatre prévenus poursuivis pour homicide involontaire. Un ouvrier de 33 ans avait été écrasé par un pan de mur, alors qu’il travaillait dans la fosse devant accueillir la cage d’un ascenseur.
Pour quelle raison avez-vous réalisé une reprise en sous-œuvre sans plan d’ingénieur ? Pourquoi les ouvriers ont mis à nu la reprise en sous-œuvre pour arriver au niveau de la cage ascenseur ? » Nombreuses étaient les questions posées vendredi aux quatre hommes auxquels le parquet reproche d’avoir involontairement causé la mort de l’ouvrier tué le 10 décembre 2010 sur un chantier à Alzingen.
Selon le rapport de l’expert, le mur s’était effondré en raison du creusement sous la reprise en sous-œuvre, réalisée quelques jours auparavant pour stabiliser l’ancien bâtiment. La couche inférieure n’étant pas stable, le mur avait fini par basculer.
Mais selon le gérant de l’entreprise de construction qui se retrouve aujourd’hui sur le banc des prévenus, les travaux sur le chantier à Alzingen ont été faits dans les règles de l’art. Ce serait la nature du terrain qui aurait provoqué le basculement de la reprise en sous-œuvre : « Les travaux ont été réalisés d’après les normes. »
L’expert avait encore relevé qu’aucune étude de sol n’avait été effectuée avant le début des travaux. « Je ne saurais pas dire quel terrain a quelle cohésion. Je ne suis pas géologue. C’était le travail de l’ingénieur de s’assurer de la cohésion du terrain », a poursuivi le gérant de l’entreprise de construction. Tout en regrettant ce qui s’est passé, le prévenu a ajouté qu’ils n’avaient pas la mainmise sur le sol.
« Il n’a pris aucune décision technique »
Le chef de chantier et le chef d’équipe de la victime, quant à eux, ont dû s’expliquer sur le fait qu’ils avaient réalisé la reprise en sous-œuvre sans le plan de l’ingénieur en génie civil : « Pour nous, un plan n’était pas nécessaire. Ce n’était pas la première fois qu’on faisait une reprise en sous-œuvre. C’est toujours le même principe. Le chantier devait avancer. » Pourtant, à la question du président de la chambre correctionnelle, Marc Thill, ils ont répondu que c’était bien la première fois qu’ils réalisaient une reprise en sous-œuvre à côté d’une cage d’ascenseur.
À la barre, le prévenu censé gérer le chantier et répartir le travail entre les ouvriers a également confirmé qu’avant l’accident, il n’avait jamais suivi de formation en matière de sécurité au travail. « J’avais juste 25 ans d’expérience dans l’entreprise », a-t-il ainsi noté. Le chef d’équipe, quant à lui, est formel : il n’a pas creusé sous la reprise en sous-œuvre.
Enfin, l’ingénieur en génie civil qui avait indiqué mi-novembre 2010 comment réaliser la reprise a déclaré qu’il n’avait pas eu connaissance du début des travaux sur le chantier.
Dans sa plaidoirie, l’avocat à la défense du gérant de l’entreprise de construction, M e Philippe Penning, a souligné que son mandant n’était pas intervenu dans la réalisation technique des ouvrages. La faute serait à rechercher dans l’absence d’une étude de sol. M e Penning a demandé la suspension du prononcé pour son mandant. Le procès se poursuivra mardi à 10 h avec les autres plaidoiries et le réquisitoire. La partie civile représentant l’épouse et l’enfant de la victime, quant à elle, réclame environ 96 300 euros de dommages et intérêts.
Fabienne Armborst