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Pascal Schumacher : « Au Japon ça vibre dans tous les sens »


Le compositeur-vibraphoniste Pascal Schumacher sort Left Tokyo Right, premier album sous son seul nom. Un magnifique carnet de voyage symbolisant l’histoire d’amour qu’entretient le musicien avec le Japon.

Après l’ECHO Jazz 2012 – prestigieux prix remis chaque année par la Deutsche Phono-Akademie – la longue tournée après la sortie de Bang My Can et la création de son concerto par l’OPL en janvier dernier, Pascal Schumacher signe un retour attendu avec Left Tokyo Right, résultat d’une résidence à Tokyo et d’un amour inconditionnel pour le pays du Soleil-Levant, qu’il a découvert en 2012. Un disque signé sur le label Laborie Jazz (récemment sauvé des eaux) et ce, sous son seul nom. Celui, donc, de l’émancipation ? Il s’explique, avant une soirée de lancement prévue la semaine prochaine à la Philharmonie et une tournée européenne de « mise en bouche ».

Quel rapport entretenez-vous avec le Japon depuis trois ans ?

Pascal Schumacher : Je m’y rends deux à trois fois par an. Ça fait du sens d’avoir un autre territoire musical à développer, de rencontrer un autre public… Et le Japon me plaît : les gens, la nourriture, le paysage… et les contrastes, que j’ai essayés de traduire dans cet album. Le titre Left Tokyo Right fait référence à cette dualité. D’un côté, on a le quartier Asakusa (Tokyo), celui des temples, des femmes en kimono, des joueurs de taiko, le « vieux » Japon traditionnel. De l’autre, ce sont les quartiers Akihabara et Shibuya, Tokyo, ceux des néons, de la J-pop, le Japon super moderne et tape-à-l’œil.

Une terre disparate, en somme.

Oui. Il y a, d’une part, l’impact de la technologie : quand on se balade avec un téléphone portable classique, on se moque de vous (rire). En même temps, ils restent très attachés au passé et à leurs cultes. Les extrêmes m’intéressent au plus haut point, mais si, en tant qu’Européen, je passe pour un modéré… En outre, le Japon est un des rares endroits où le disque a encore une raison d’être, une réelle place dans la vie des gens, qui achètent encore des CD, dans des magasins aux collections impressionnantes, s’étalant sur plusieurs étages. Pour un musicien, ça n’a rien de négligeable…

Cet amour est-il réciproque ?

Je pense. Mais ils sont tellement polis et gentils que, même s’ils me détestaient, ils souriraient quand même… Mais c’est vrai, aussi, que le public revient et que l’engouement est là. En témoigne le nombre de cadeaux que je reçois à chaque concert – du saké, des tissus, des sous-verres, des trucs à manger… – Ce qui n’est pas sans poser de problèmes quand il faut repartir et que l’on voyage avec une petite valise…

Est-ce une terre d’adoption ? Ou, comme vous le dites, en vous référant aux initiales de votre nouvel album, le début d’une longue amitié (long term relationship) ?

Pour que cela soit une terre d’adoption, il faudrait que je me marie avec une Japonaise, issue d’une grande famille. Mais ce n’est pas à l’ordre du jour !

En dehors de deux morceaux (NDLR : de Milton Nascimento et Ryuichi Sakamoto), vous avez composé toutes les pistes de l’album sur place, à Tokyo, durant une résidence de trois semaines. Cette immersion, était-ce quelque chose de nécessaire ?

Au départ, composer des chansons là-bas n’était pas un geste calculé. C’est juste venu comme ça, au fil des sentiments, des observations… Et le Japon n’est pas un endroit où l’on manque d’impressions, bien au contraire! Ça vibre dans tous les sens. Bref, telle une éponge, j’ai absorbé et pensé la musique sur l’instant. Sans aucune préparation et autre démarche intellectuelle.

Chose importante : après cinq disques estampillés « quartette », c’est le premier que vous signez de votre seul nom…

Avant, le quartette était au centre de tout, dans une démarche démocratique que j’entretenais depuis mes études avec plus ou moins la même constellation de musiciens. Là, j’avais envie de changer les choses, de faire quelque chose de plus personnel, de plus fort, avec un fil rouge, une identité liant les chansons. Une sorte de libération.

Et d’émancipation…

Sûrement. Il fallait que la musique évolue dans une direction qui corresponde plus à ce que je suis aujourd’hui.

Retrouvez l’intégralité de cet entretien par notre journaliste Grégory Cimatti dans l’édition papier du Quotidien de ce jeudi.


Left Tokyo Right, de Pascal Schumacher. Avec toute l’équipe de l’album, Pascal Schumacher sera à la Philharmonie (Luxembourg), le 24 mars à 20h, pour la sortie officielle de Left Tokyo Right.