Les attaques en Irak des jihadistes du groupe État islamique (EI) contre la minorité yézidie « pourraient constituer un génocide », estime jeudi un rapport de l’ONU.
Toutes les exactions répertoriées dans le rapport pourraient constituer des violations du droit international, des droits de l’Homme et du droit humanitaire, selon les enquêteurs. (Photos illustration AFP)
Le rapport fait état des exactions de l’EI depuis juin dernier : meurtres, tortures, viols et enrôlement des enfants, « contre de nombreux groupes ethniques et religieux en Irak, dont certaines pourraient constituer un génocide », a indiqué dans un communiqué le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme. « Le schéma manifeste des attaques contre les Yézidis a montré l’intention de l’EIIL (NDLR : État islamique en Irak et au Levant, ancien nom de l’EI) de détruire les Yézidis en tant que groupe ».
Selon les enquêteurs, « ceci suggère fortement que l’EIIL pourrait avoir perpétré un génocide ». Regroupés notamment dans le Kurdistan irakien, les Yézidis forment un groupe ethnique pratiquant une religion monothéiste qui a emprunté certains de ses éléments au christianime ou à l’islam. Le document a été compilé par des enquêteurs envoyés dans la région par le Haut-Commissariat et s’appuie sur le témoignage de plus de 100 personnes qui ont été les témoins d’attaques en Irak.
Toutes les exactions répertoriées dans le rapport pourraient constituer des violations du droit international, des droits de l’Homme et du droit humanitaire, selon les enquêteurs. « Certains pourraient constituer des crimes contre l’Humanité et/ou des crimes de guerre », précisent-ils. Les enquêteurs dénoncent aussi le « traitement brutal » infligé à d’autres groupes ethniques, citant les chrétiens, turkmènes, sabéens, mandéens, kaka’e, kurdes et chiites.
Le rapport, demandé en septembre dernier par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à l’initiative du gouvernement irakien, mentionne « le meurtre brutal et ciblé » de centaines d’hommes et garçons yézidis dans les plaines de Ninive en août dernier.
Dans de nombreux villages yézidis, la population a été regroupée. Selon les enquêteurs de l’ONU, les hommes et garçons de plus de 14 ans ont été séparés des femmes et des filles. Les hommes ont été emmenés plus loin et abattus par les jihadistes de l’EI, tandis que les femmes étaient enlevées comme butin de guerre. « Dans certains cas des villages ont été entièrement vidés de leurs populations yézidies », a établi le rapport.
Selon les enquêteurs, des témoins ont entendu des filles de six et neuf ans appeler à l’aide alors qu’elles se faisaient violer. Les enquêteurs indiquent aussi avoir reçu des informations rapportant que des forces de sécurité irakiennes et des milices associées avaient commis de graves violations des droits de l’Homme lors de leurs opérations de contre-offensive contre l’EI et pourraient aussi avoir commis des crimes de guerre.
L’EI s’est emparé de larges pans du territoire irakien à la faveur d’une vaste offensive lancée en juin dernier, mettant en déroute l’armée irakienne. Le rapport mentionne de nombreux autres crimes, notamment en juin lorsqu’environ 600 hommes détenus dans la prison de Badouch, principalement des chiites, ont été emmenés dans des camions jusqu’à un ravin, où ils ont été abattus par des combattants de l’EI. Des survivants ont dit à l’ONU avoir été sauvés par les corps d’autres personnes tombées sur eux.
AFP