Eric Flammang a-t-il supprimé Raymond Lochet, lundi en Belgique, pour faire main basse sur ses biens? Amis de longue date, les deux hommes étaient unis par des liens financiers. Eric Flammang, originaire de Longuyon, en Lorraine, a été inculpé d’assassinat et placé en détention.
Le lac du Rabais est un petit joyau de tranquillité posé à deux pas du cœur de Virton, cité belge à une vingtaine de kilomètres de Longwy. L’été, l’endroit est sportif. L’hiver, les eaux peu profondes appartiennent aux pêcheurs à la mouche. « Ah, vous venez pour l’affaire… , soupire l’un d’eux. Il y a un rebondissement! » L’accident mortel de lundi soir a laissé la place à un possible assassinat. Et en filigrane, à une machination machiavélique imaginée, si cela se confirmait, par Eric Flammang, un père de famille de 51 ans qui vit avec les siens à Longuyon.
Les secours sont intervenus pour une voiture tombée à l’eau vers 21h30. Au volant, Eric Flammang parvient à sortir de l’habitacle. Assis côté passager, Raymond Lochet, octogénaire respectable et respecté dans Virton pour son passé de gendarme, reste coincé à l’intérieur. Il y a moins de deux mètres d’eau à cet endroit, mais la victime a déjà succombé quand elle est prise en charge.
«Il m’a dit qu’il allait devenir riche»
Choqué, Eric Flammang est entendu quelques heures plus tard. Ce qu’il raconte ne colle pas avec les constatations et les éléments recueillis par les spécialistes de la police judiciaire fédérale d’Arlon.
Au parquet, on ne se risque pas à dévoiler tous les éléments qui laissent penser, seulement au bout de trois jours d’investigations, à un meurtre prémédité. Mais selon certaines confidences, ce sont les circonstances mêmes de l’accident qui paraissent peu crédibles. À l’endroit de la sortie de route, la voie est large, la berge également. Eric Flammang et Raymond Lochet avaient passé du temps dans un petit bar de Saint-Mard. L’octogénaire y avait ses habitudes. Les deux ont bu. Beaucoup même. « Mais rien ne vient justifier une telle embardée », souffle-t-on.
Et puis, les premières investigations dessinent un mobile. Les deux hommes étaient proches (lire ci-dessous) . Au-delà d’une longue amitié, des affaires financières les liaient. Lundi, avant de se rendre en Belgique, Eric Flammang, reconnu invalide après avoir respiré trop longtemps des métaux lourds dans une usine luxembourgeoise, se serait confié à un voisin proche. Selon ce dernier, « le matin de l’accident, il (Eric Flammang) m’avait dit qu’il allait devenir riche. Il m’a expliqué qu’il avait bien préparé son coup et que je verrais bientôt qu’il disait vrai… », a raconté celui-ci à nos confrères belges de La Meuse , avant d’être auditionné hier après-midi par la police. Ce voisin pensait qu’Eric Flammang avait « gagné au Loto »…
Depuis mercredi soir, le quinquagénaire est inculpé d’assassinat et croupit en prison.
Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)
«ll nous considérait comme ses petits-enfants»
C’est un jeune homme abasourdi et sonné qui accepte de parler quelques instants. Son père, Eric Flammang, est considéré depuis mercredi par la justice belge comme l’assassin de Raymond Lochet. «Cela nous tombe dessus… C’est dur. Je ne comprends rien. Lundi soir, on nous prévient qu’il y a eu un accident et, depuis, on est tenu en dehors de tout. On ne sait pas ce qui se passe. Je sais juste que mon père est incarcéré à la prison d’Arlon.»
Il connaissait bien la victime, «un homme que mon père avait rencontré il y a très longtemps. Monsieur Lochet s’était occupé de lui lorsque mon père avait eu un accident. Leur amitié a commencé comme ça. Il n’avait pas de famille, il n’a jamais eu d’enfants. Il nous considérait comme ses petits-enfants. Pendant quatre ans, il venait manger chez nous tous les dimanches.»
Que pense-t-il des accusations portées contre son père? «Je n’y crois pas… Je n’en sais rien. J’aimerais comprendre pourquoi on dit ceci. Mais l’avocat nous dit que ça peut durer longtemps.» On évoque des raisons financières pour expliquer éventuellement l’homicide. «Mais nous étions au courant des biens ou de l’héritage de monsieur Lochet. Mes parents avaient racheté en viager sa maison à Chenois (une commune de Virton). Franchement, mes parents et lui s’entendaient bien.»
K. G.