Demain, nous allons vivre un phénomène exceptionnel : une éclipse partielle.
Exceptionnel, car notre génération désenchantée, qui a déjà tout vu – par procuration, grâce au cinéma –, doit se rendre compte à quel point ce phénomène tient du miracle : par un fabuleux hasard, notre satellite, la Lune, est 400 fois plus petit que le Soleil, mais aussi 400 fois plus proche de la Terre, ce qui permet ce jeu d’ombres grandiose.
Mais en ce moment, d’autres personnes ont également le regard tourné vers le ciel. Nom de code : Mars One. Ce projet de l’ingénieur néerlandais Bas Lansdorp veut envoyer des humains coloniser Mars en 2025. Un voyage sans retour ! Pourtant, plus de 200 000 candidats se sont manifestés. Finalement, il n’en restera que 24 (dont aucun Luxembourgeois) pour cette mission suicide.
Car la polémique enfle… À commencer sur le sort des colons. Après sept mois d’un éprouvant périple spatial, ils devront accomplir l’exploit d’atterrir sur la planète rouge. Les experts leur donnent ensuite 68 jours avant l’asphyxie fatale…
Le planning serré de la mission fait également polémique – 10 ans de préparation, une paille pour un tel projet –, tout comme le budget : 6 milliards selon Mars One, dix fois plus selon les experts. Or le Daily Mail vient de déclarer que le géant de la téléréalité Endemol aurait jeté l’éponge. Et c’est en effet grâce à un show télévisé que Mars One espère financer en partie son projet.
Enfin, on a appris hier que le docteur Joseph Roche, de l’université de Dublin, est monté au créneau. Il s’est inscrit par curiosité, et a été présélectionné. Mais il a abandonné, dénonçant une arnaque et une organisation sectaire. Selon lui, sa sélection s’est faite uniquement sur base d’un bref entretien vidéo : aucun membre de l’organisation ne l’a rencontré.
De plus, chaque postulant entre aussitôt dans une communauté et reçoit des points. Pour augmenter ses chances, il doit monnayer ses interviews, acheter de l’équipement et donner de l’argent à Mars One. Pas très sérieux tout ça…
Bref, à ce stade, on ne saurait trop conseiller aux futurs martiens de garder les pieds sur Terre. Tiens, par exemple, ce samedi soir, on pourra observer Mars et Vénus à l’œil nu. C’est déjà beau, non ?
Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)