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Samsung : l’héritier de l’empire inculpé pour corruption


L'héritier de l'empire Samsung Lee Jae-Yong à son arrivée pour une audition le 22 février 2017 à Séoul. (Photo : AFP)

L’héritier de l’empire Samsung et quatre autres cadres dirigeants ont été officiellement inculpés mardi pour corruption dans le scandale à tiroirs qui secoue la Corée du Sud depuis des mois, un nouveau choc pour le premier fabricant mondial de smartphones.

Cette inculpation signifie de manière quasi certaine que Lee Jae-Yong sera renvoyé, avec ses quatre collègues, devant un tribunal, ce qui ajoute aux inquiétudes pour le mastodonte qui cherche à se remettre d’une humiliante opération de rappel planétaire.

M. Lee, 48 ans, a été inculpé «pour corruption, abus de biens sociaux, dissimulation d’actifs à l’étranger et parjure», a déclaré Lee Kyu-Chul, porte-parole de l’équipe spéciale planchant sur cette affaire qui a valu à la présidente Park Geun-Hye d’être destituée. M. Lee est le vice-président de Samsung Electronics, le navire-amiral du groupe, le fils de son président et le petit-fils de son fondateur. Il avait déjà été placé en détention provisoire le 17 février.

Trois des cinq inculpés ont démissionné, mais pas l’héritier, a annoncé l’énorme «chaebol», comme sont appelés les conglomérats sud-coréens, qui pèse un cinquième du Produit intérieur brut. Samsung a également annoncé le «démantèlement» de son Bureau des stratégies futures, qui supervise toutes ses décisions importantes, dans le cadre d’un «programme de réforme» prévoyant que chaque département aura davantage d’indépendance.

Samsung démantèle aussi son puissant service chargé du lobbying auprès du gouvernement et veut rendre sa politique de dons plus transparente. «Reste à savoir s’il s’agit d’une nouvelle mesure cosmétique pour détourner les critiques de l’opinion», a commenté Chung Sun-Sup, directeur de chaebol.com, site de surveillance du comportement des entreprises. Par le passé, a-t-il dit, «Samsung a démantelé les organismes de contrôle du groupe lorsqu’ils ont été surpris en train de violer la loi, pour les ressusciter ensuite sous d’autres noms». M. Lee est devenu le patron de facto de Samsung après la crise cardiaque de son père en 2014. La famille Lee devrait «continuer d’exercer sa puissance et son influence sur le groupe tout entier», a-t-il jugé.

Fusion controversée

Quoi qu’il en soit, c’est un nouveau coup dur pour le premier conglomérat sud-coréen, pas encore remis du rappel de son Galaxy Note 7 aux batteries explosives. Cette débâcle avait été imputée en partie à la gouvernance opaque d’un groupe au fonctionnement centralisé, où les différents départements appliquent sans sourciller les décisions d’une poignée de cadres d’élite. Le scandale politique est centré sur Choi Soon-Sil, amie de 40 ans de Mme Park, accusée de s’être servie de son influence pour soutirer près de 70 millions de dollars à diverses entreprises et se mêler des affaires de l’État.

Samsung est celui qui s’est montré le plus généreux envers des fondations douteuses contrôlées par la confidente de l’ombre. Il a également versé à Mme Choi des millions d’euros, sous couvert de financer en Allemagne les entraînements sportifs de cavaliers sud-coréens, parmi lesquels la fille de Mme Choi. En contrepartie de ses largesses, Samsung aurait reçu le feu vert du gouvernement à la fusion controversée de deux de ses unités, Cheil Industries et C&T, en 2015.

Cette opération avait été dénoncée avec force par certains actionnaires qui estimaient que C&T avait été délibérément sous-évaluée. Mais la Caisse nationale de retraites, gros actionnaire de Samsung sous tutelle du ministère des Affaires sociales, l’avait soutenue. L’ancien ministre des Affaires sociales a été inculpé pour abus de pouvoir le mois dernier dans ce scandale à rebondissements. M. Lee dément toutes les accusations portées contre lui. Les inculpations ont été prononcées au dernier jour du mandat de l’équipe spéciale d’enquêteurs nommés en décembre par l’Assemblée nationale, qui doivent désormais transmettre le relais au magistrats du parquet.

Au total, ils ont inculpé 31 suspects, dont 17 mardi, parmi lesquels une ancienne ministre de la Culture et l’ancien chef de cabinet de la présidente. Il revient désormais au parquet de poursuivre l’enquête sur d’autres groupes comme Hyundai Motor ou le géant de la distribution Lotte, a dit le porte-parole des enquêteurs.

Le Quotidien/AFP