Après sa fabuleuse invention d’un attentat en Suède qui n’a jamais eu lieu, Donald Trump en a rajouté une couche. Bien sûr, il ne faudrait pas qu’il perde la face, alors il accuse encore une fois les «médias fake news» de propager des mensonges sur le modèle suédois, notamment en affirmant que le pays est loin d’être à feu et à sang depuis l’arrivée des réfugiés. La Suède est, avec l’Allemagne, le pays qui en a accueilli le plus, si l’on oublie les pays en première ligne de front. Cela arrangerait bien le président américain populiste que ces pays soient en proie à de grandes difficultés : cela prouverait qu’il a raison. Dommage pour lui, mais ce n’est pas le cas. Alors bien sûr personne ne nie que l’accueil des réfugiés représente un défi, et de taille. Mais la Suède a les reins solides, et le modèle d’une société inclusive va à contre-courant de la pensée populiste dominante.
Amnesty International a dénoncé dans son rapport annuel cette tendance qui va à l’encontre des libertés individuelles et des droits humains en général. Face à cette vague de haine et de rejet de l’autre qui fait caracoler Marine Le Pen dans les sondages, alors même que deux de ses collaborateurs sont en garde à vue, quelques poches de résistance s’organisent çà et là.
Le week-end dernier, une manifestation géante a eu lieu à Barcelone pour appeler le gouvernement espagnol à honorer ses engagements en matière d’accueil des réfugiés. L’Espagne n’est peut-être pas la première destination de ces derniers, mis à part l’enclave de Ceuta frontalière du Maroc, mais si la Suède et l’Allemagne ont dû porter presque seules le poids des réfugiés en Europe, c’est parce que d’autres pays comme elle n’ont pas joué le jeu. Ce type de manifestation redonne foi en l’humanité. De même, le président grec, Prokópis Pavlópoulos, a affirmé hier dans un discours que les réfugiés étaient «chez eux». Effet d’annonce peut-être – quand on sait que le pays est complètement débordé – mais c’est un signal positif fort envoyé. Et qui met un peu de baume au cœur dans une période qu’Amnesty International a qualifiée de «très sombre».
Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)
La Suède n’a peut-être pas connu l’attentat évoqué par Trump mais est malgré tout en proie aux pires difficultés avec ses réfugiés (Malmö par exemple est devenue une espèce de « no-go area »). Mais, comme en Allemagne, on tait soigneusement tous ces incidents car les reconnaître mettrait les dirigeants qui ont orchestré cette politique désastreuse en très grande difficulté. A côté des « fake-news », il y a les « cover-up news » : Le couvercle sur la casserole ou le balayage sous le tapis. Et franchement, c’est beaucoup plus insidieux que les « fake-news » dont on peut au moins rire…