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Open banking au Luxembourg : «Il est temps d’agir !»


De g. à d. : les vice-président, président et administrateur de l'APSI, Marc Payal, Jean Diederich et Renaud Le Squeren. (photo Fabrizio Pizzolante)

Pour l’Association des professionnels de la société de l’information (APSI), les banques de la Place doivent impérativement s’allier aux FinTech, si elles entendent maintenir leur compétitivité.

L’association patronale, qui comprend 82 sociétés membres actives dans le domaine de la société de l’information, entend donner l’impulsion à sa vision future du «Luxembourg 4.0», sorte de révolution digitale dans le secteur financier.

Le changement de paradigme se veut presque «révolutionnaire» et entend repositionner le pays, à partir de 2018. Mais pourquoi donc l’APSI se focalise-t-elle sur cette échéance? « La directive européenne « PSD 2 » deviendra une réalité au mois de janvier 2018. Il s’agira d’adapter le paradigme en cours, qui s’avère ultrafermé, à cause du secret bancaire, à un paradigme sacrant l’open banking et donc l’accroissement de l’accès à l’information », estime Jean Diederich, le président d’une association qui compte parmi ses membres des entreprises telles que Deloitte, Post ou encore Cetrel.

Luxembourg cherche informaticiens

Pour l’APSI, tout comme pour l’Association des banques et banquiers Luxembourg (ABBL), les opportunités sont énormes. En effet, pour l’ABBL, «l’objectif poursuivi par PSD 2 est de créer un marché unique des paiements dans toute l’Union européenne et de faire des paiements transfrontaliers aussi faciles et efficaces que des paiements nationaux dans un seul État». Innovation en matière de paiement, meilleures conditions du marché de l’e-commerce et avancées réglementaires : tels sont les maîtres-mots de cette « révolution », selon Jean Diederich, qui défend l’idée d’une plateforme bancaire basée sur un modèle transparent de services financiers. En outre, « la plateforme devra être labellisée « Luxembourg », sinon il ne sera pas possible de répondre aux appels d’offres », dixit l’APSI.

En clair, le Luxembourg ne doit pas tarder : il lui faut se préparer à accompagner le changement de paradigme, comparable, selon l’APSI, à la révolution provoquée par l’arrivée des plateformes iTunes et Netflix dans l’industrie du disque et du cinéma. « Il est temps d’agir! », s’est exclamé Jean Diederich, en rappelant que la directive européenne PSD 2 de 2013 (entretemps remaniée) n’avait toujours pas été transposée dans le droit national. Le mois de janvier 2018 devra permettre, donc, un accès standardisé aux données et aux structures de paiement via des API, à savoir des interfaces qui permettent d’établir des connexions entre plusieurs logiciels.

L’enjeu est évidemment immense, puisque cette directive permettra le déploiement des prestataires tiers et des FinTech. Dans son avis sur le projet de loi devant transposer la directive, le Conseil d’État met en exergue le fait que la future loi «allonge la liste des exceptions au secret professionnel (…)». De plus, la Haute Corporation souligne que «les nouvelles exceptions au secret professionnel seraient destinées à faciliter la coopération intragroupe et la sous-traitance, cette dernière couvrant le cas de l’externalisation de services (…)». Car pour profiter au mieux de ce changement de paradigme, il faut de la main-d’œuvre qualifiée, c’est-à-dire des informaticiens développeurs.

Or, « l’université du Luxembourg n’en produit que 35 par an  : ce n’est pas comme ça que l’on va gagner la guerre. Il faut attirer des geeks, en leur proposant des salaires pouvant rivaliser avec la concurrence et un écosystème où ils se sentent bien. Il n’y a pas d’autre choix », a conclu l’APSI.

Claude Damiani