Claude Wiseler, chef de la fraction CSV à la chambre des députés et tête de liste aux prochaines législatives, se défend de verser dans le populisme comme le prétend la majorité.
La semaine dernière, le parti chrétien-social a présenté une motion visant à introduire le Platzverweis, ce droit d’expulser, de faire déguerpir de la voie publique des clochards ou des groupe de marginaux. Le CSV marcherait-il sur les plates-bandes des populistes ?
Claude Wiseler estime que non. Et il en veut pour preuve le consensus obtenu sur la réforme de la nationalité.
Le Quotidien : Majorité et opposition se sont mutuellement traitées de populistes à la Chambre des députés la semaine dernière. Quelle est votre définition du populisme ?
Claude Wiseler : Je définis comme populiste le fait d’avancer des propositions ou des thèses essentiellement parce qu’elles plaisent à l’esprit populaire, sans se soucier de ce que signifie réellement leur mise en œuvre et quelles en seraient les conséquences.
Le populisme pour moi, c’est aussi utiliser des dossiers très ponctuels, très précis, pour focaliser l’opinion publique et parfois faire peur à la population, sans contextualiser les affirmations, ni les expliquer, ni en décrire les résultats.
La majorité gouvernementale a précisément reproché au CSV de faire preuve de populisme avec sa motion sur le Platzverweis, ce pouvoir de faire déguerpir des clochards de la voie publique pour des raisons « d’insécurité subjective », alors que cette mesure ne résout pas le problème de fond…
C’est une discussion très sérieuse où il est question de garantir dans l’espace public un certain ordre pour que les gens se sentent à l’aise. À l’époque, Xavier Bettel, bourgmestre de la capitale, avait réclamé ce Platzverweis et l’actuelle bourgmestre Lydie Polfer également.
D’autres instruments juridiques, déjà actuellement en vigueur, sont plus contraignants que le Platzverweis. Il s’agit seulement de donner aux forces de l’ordre la possibilité par exemple de faire déguerpir un attroupement de personnes qui consomment de l’alcool sur la voie publique et qui créent ce sentiment d’insécurité chez les citoyens. C’est à nos yeux un instrument supplémentaire pour les forces de l’ordre pour résoudre un problème ponctuel, cela n’a rien à voir avec du populisme.
Vous visez tout-de-même les mendiants et les sans abri, non ?
Non, pas spécifiquement. Il y a bien d’autres situations où le Platzverweis pourrait être utile. Bien d’autres pays, comme l’Allemagne, ont adopté cette mesure. Je pense aux attroupements à la gare qu’il faut pouvoir disperser. Les mendiants et les sans-abri ont besoin d’une réponse sociale, c’est évident. Le Platzverweis n’empêche pas l’encadrement social de cette population très vulnérable.
La loi sur la nationalité, votée sans encombre la semaine dernière, a été largement commentée par les populistes de tout bord, à commencer par l’ADR dont vous vous êtes distancés. Une fierté?
Voilà un sujet qui était facile à exploiter pour les populistes ! Nous sommes très contents d’avoir choisi une autre voie. Le référendum de 2015 sur le droit de vote des étrangers a créé un mauvais climat et il aurait fallu à tout prix l’éviter.
Finalement, le ministre de la Justice, Félix Braz, a saisi la main que nous lui tendions. Nous avons eu des discussions pas toujours faciles, mais nous devions aboutir. La conclusion a été acceptable pour tout le monde.
Si je compare notre loi avec d’autres pays européens, nous sommes très ouverts. Je veux que ceux qui deviennent luxembourgeois parlent le luxembourgeois et connaissent l’histoire du pays, mais la nationalité luxembourgeoise doit être ouverte et accueillante. Je ne veux pas dire comme Alain Juppé une « identité heureuse », je lui préfère une « identité accueillante ». C’est plus approprié pour le Luxembourg et cela caractérise notre histoire.
[…]Geneviève Montaigu
Retrouvez cet entretien en intégralité dans notre édition du lundi 13 février.